De janvier à septembre, "la température moyenne mondiale est 1,4 degré Celsius au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900)", avant l'effet sur le climat des émissions de gaz à effet de serre de l'humanité, a annoncé jeudi le service sur le changement climatique (C3S) de l'observatoire européen Copernicus.
Cette moyenne, déjà plus élevée de 0,05 degré que pour l'année record de 2016, pourrait encore augmenter pendant les trois derniers mois de l'année, compte tenu de la montée en puissance d'El Niño. Ce phénomène météorologique cyclique au-dessus de l'océan Pacifique, synonyme de réchauffement supplémentaire, culmine en général autour de la période de Noël.
1,5 degré supplémentaire
"Il n'est pas acquis que 2023 atteindra 1,5 degré. Mais nous en sommes assez proches", a déclaré Carlo Buontempo, directeur du C3S. Atteindre cette barre symbolique ne signifierait pas pour autant que la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris a été atteinte, car ce dernier se réfère à l'évolution du climat sur des périodes longues, des décennies et non des années simples.
Le GIEC, rassemblant les experts du climat mandatés par l'ONU, prévoit que ce seuil de 1,5 sera atteint dès les années 2030-2035. L'Organisation météorologique mondiale a estimé au printemps que la barre serait franchie pour la première fois sur une année entière seulement au cours des cinq prochaines années.
>> L'observatoire Copernicus a développé un outil pour estimer la date où la limite du 1,5°C établie par l'Accord de Paris sera atteinte:
>> Lire : L'accord de Paris menacé par le manque d'ambition, selon un rapport de l'ONU
En attendant, "septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial", poursuivant une série de records mensuels mondiaux entamée en juin. Juillet 2023 détient le record absolu, tous les mois confondus.
Avec une température moyenne de 16,38 degrés à la surface du globe, le mois écoulé dépasse le record de septembre 2020 avec une marge "extraordinaire" de 0,5 degré, a indiqué jeudi Copernicus. Septembre 2023 est ainsi "1,75 degré plus chaud que la moyenne d'un mois de septembre sur la période 1850-1900", a ajouté Copernicus.
>> Lire : La Suisse a connu son mois de septembre le plus chaud jamais enregistré
Tous les continents concernés
Alors que les variations des températures mondiales se mesurent en général en quelques dixièmes de degré, septembre 2023 est 0,9 degré au-dessus de la moyenne de septembre sur la période 1991-2020, soit "la plus forte anomalie mensuelle" jamais mesurée par Copernicus, dont la base de données complète remonte à 1940.
Tous les continents ont été concernés par des anomalies hors du commun. En Europe, septembre 2023 a établi un nouveau record continental pour le premier mois de l'automne météorologique.
>> Lire : La saison estivale 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde
Dans le même mois, des pluies torrentielles de la tempête Daniel, probablement aggravées par le changement climatique selon des études préliminaires, ont dévasté le nord-est de la Libye et la Grèce.
Le sud du Brésil et du Chili ont aussi connu le déluge en septembre, tandis que l'Amazonie est actuellement frappée par une sécheresse extrême, qui affecte plus de 500'000 habitants.
Quant aux pôles, ils perdent en glace: la banquise de l'Antarctique se maintient à un niveau bas record pour la saison, tandis que la banquise arctique est 18% en dessous de la moyenne, selon le C3S.
>> Lire : Jamais la surface maximale annuelle de la banquise antarctique n'a été aussi petite et Mortalité "catastrophique" des poussins de manchots empereurs en Antarctique
"Point de rupture"
La surchauffe des mers du globe, qui absorbent 90% de la chaleur en excès provoquée par l'activité humaine depuis l'ère industrielle, joue un rôle majeur dans ces observations. Pour le système de mesures de Copernicus, la température moyenne des mers a atteint 20,92 degrés celsius en septembre, nouveau record mensuel et deuxième mesure la plus élevée derrière août 2023.
>> Lire : Les océans ont battu un nouveau record mondial de température en surface
Face à cette situation, les réponses de l'humanité sont "insuffisantes alors que le monde [...] s'écroule" et s'approche d'un "point de rupture", a déploré le pape François mercredi, dans Laudate Deum ("Louez Dieu", en latin) une lettre en forme de cri d'alarme à deux mois d'une conférence sur le climat de l'ONU décisive.
Lors de cette COP28, à Dubaï, le thème de la sortie des énergies fossiles sera au coeur d'âpres négociations entre les pays, incapables à ce jour de concilier les exigences de l'accord de Paris pour limiter le réchauffement et d'assurer les aspirations au développement de toute l'Humanité.
>> Lire : L'Humanité aux "portes de l'enfer" avec la crise climatique, avertit le chef de l'ONU
sjaq et l'ats