Des colis aux gobelets de café, les Européens n'ont jamais généré autant de déchets d'emballages: 188,7 kg par habitant en 2021 - un bond de 11 kg en un an et de 32 kg en une décennie - pour un taux de recyclage de seulement 64% (moins de 40% pour les seuls emballages plastiques), selon les chiffres d'Eurostat.
Face au problème, la Commission européenne a proposé l'an dernier une législation fixant un objectif de réduction de 10% par habitant d'ici 2035, par rapport à 2018, du volume de déchets d'emballages (-15% d'ici 2040).
Pour y parvenir, Bruxelles souhaite notamment imposer des niveaux contraignants de réemploi des emballages pour chaque secteur (e-commerce, restauration, bières au détail...), fixer un taux minimum de contenu recyclé dans les emballages plastiques, ou encore restreindre les espaces vides des colis.
Système de consigne pour le plastique
Ils conservent notamment l'obligation pour les Etats de recourir à un système de consigne pour les bouteilles en plastique et canettes métalliques, si le taux de collecte de ces déchets n'atteint pas 85%.
En revanche, l'objectif d'emballages réutilisables pour la restauration à emporter serait supprimé, au profit d'une obligation pour les restaurants et cafés à accepter les contenants apportés par les clients, selon une source parlementaire.
Des divergences persistent sur d'autres dispositions, critiquées par le PPE, qui interdisent après 2030 certains emballages plastiques jugés inutiles --notamment à usage unique pour la restauration ou les fruits et légumes. Bruxelles visait également les emballages miniatures des hôtels.
"Un lobbying de grande ampleur"
Le vote intervient sur fond d'intense campagne des entreprises, principalement autour des obligations de réemploi.
L'enjeu est de taille: la fabrication d'emballages génère dans l'UE un chiffre d'affaires annuel vertigineux de 355 milliards d'euros, rappelle Pascal Canfin, l'eurodéputé de Renew qui préside la commission Environnement. Cet élu français dénonce "un lobbying de grande ampleur" à coup de "rapports mensongers".
Il fustige l'étude commanditée par le géant du fast-food McDonald's, aux "données trompeuses" car non indépendantes, pour défendre le "tout-jetable", ainsi qu'une enquête de l'organisation des fabricants d'emballages papier (EPPA) basée sur des chiffres "confidentiels".
Désaccord des ONG sur le plastique à usage unique
Restauration rapide et industriels du papier vantent les mérites "écologiques" des emballages à usage unique, potentiellement recyclables ou issus de forêts durables, par rapport au plastique ou au réemploi qui exigerait au final d'utiliser plus d'eau et d'énergie.
Des arguments démontés par les ONG. "La crainte de saper les investissements dans le recyclage est infondée", estime Marco Musso, de l'European Environmental Bureau. "Les infrastructures existantes seront insuffisantes pour recycler des déchets en volume toujours croissant".
Ayant misé sur le bioplastique, l'Italie pourfend "un risque de charges administratives et coûts élevés", vantant plutôt les emballages "biosourcés et compostables" et son modèle de tri sélectif.
afp/hkr