La Suisse va conclure de nouveaux accords pour compenser ses émissions CO2 à l'étranger
La Confédération peut actuellement compenser un quart de ses émissions de gaz à effet de serre hors de ses frontières. Dans son message relatif à la future loi CO2, le Conseil fédéral veut augmenter cette part de 40%.
La Suisse pourra ainsi davantage financer des projets de décarbonation dans des pays du Sud et les réductions d'émissions lui seront créditées. De quoi lui permettre d'atteindre ses objectifs climatiques - la division par deux des émissions CO2 d'ici 2030.
Jusqu'à présent, la Suisse a déjà conclu onze accords bilatéraux avec des pays tels que le Ghana, le Pérou ou le Sénégal. Selon des informations de la RTS, elle doit en signer d'autres d'ici fin décembre.
>> Relire : La Suisse et le Sénégal signent un accord de coopération climatique et La Suisse signe un accord de compensation de CO2 avec le Ghana
Une méthode décriée
Selon le Conseil fédéral, ces Etats partenaires tirent également profit de la stratégie, car Berne leur finance directement des projets de protection contre le changement climatique, qui ne verraient sinon pas le jour. Mais le mécanisme, bien qu'autorisé depuis les accords de Paris de 2015, est décrié.
La Suisse est l'un des rares pays à agir de la sorte. L'an dernier, en pleine conférence sur le climat en Egypte, un article du quotidien américain The New York Times dénonçait une démarche opportuniste permettant à un pays riche, comme la Suisse, de se soustraire à ses obligations climatiques sur son territoire.
Cet avis est partagé par des ONG et la gauche en Suisse. Cette semaine, les Vert.e.s vont s'opposer en commission du Conseil national au renforcement du mécanisme, qui vise à autoriser la compensation d'un tiers des émissions helvétiques à l'étranger.
Contre-proposition des écologistes
"Cela désengage la Suisse de ses propres responsabilités. Nous devons pouvoir réduire les émissions de CO2 également sur le territoire suisse, non seulement parce que nous devons faire notre part, mais aussi parce que cela va générer une vraie plus-value, notamment en termes d'emplois", a estimé la conseillère nationale Verte genevoise Delphine Klopfenstein Broggini, lundi dans La Matinale de la RTS.
"L'Union européenne a déjà pris les devants sur ces questions. Si la Suisse ne veut pas être à la traîne, elle a intérêt à s'activer dans cette direction. Elle pourrait même devenir un pays pilote", a-t-elle ajouté.
Pour le conseiller national UDC Pierre-André Page, en revanche, il s'agit de la bonne stratégie: "Le CO2 n'a pas de frontières, c'est une solution qui nous permet d'aller beaucoup plus vite pour diminuer les émissions. C'est un avantage pour la Suisse et pour notre économie en général", a-t-il assuré.
Lors du débat en commission, les écologistes proposeront que la Confédération se contente de compenser au maximum un quart de ses émissions à effet de serre, comme c'est le cas aujourd'hui. Ils comptent sur le PS et Le Centre pour espérer décrocher une majorité.
Céline Fontannaz/iar