Les catastrophes naturelles causent déjà des réfugiés climatiques en Europe

Dans son dernier rapport, le Centre international de surveillance des déplacements internes classe notamment l'Espagne en tête pour l'année 2022. Plus de 300'000 personnes ont changé de lieu de vie, au sein du territoire, pour des raisons climatiques.

Javier Garcia Berrocal, producteur d'agrumes et de légumes bio dans l'Estrémadure, au sud du pays, a décidé de fuir la sécheresse et de s'installer dans le nord, en Cantabrie. Son choix a été motivé par les baisses de précipitations et de rendement de son potager d'été.

"La production était parfois nulle ou insuffisante", explique-t-il lundi dans La Matinale. Et même si l'eau pour l'irrigation était à disposition, "la chaleur est tellement extrême qu'on voit les arbres souffrir", avec une aggravation ces trois dernières années.

S'éloigner de l'eau

La France figure également dans les premiers pays concernés par les déplacements internes. Après d'importantes inondations dans le Pas-de-Calais, pour la deuxième fois en deux mois, une partie de la population envisage de déménager, comme l'a expliqué sur Radio France Brigitte Passebosc.

Les habitants souhaitent s'éloigner un maximum des cours d'eau, mais la commune est "impactée par un périmètre en zone rouge qui est relativement important", déplore la mairesse de la petite ville de Saint-Etienne-au-Mont.

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Face aux conséquences du changement climatique, les côtes sont particulièrement vulnérables. Celles-ci sont affectées par la montée des eaux, mais aussi par les précipitations extrêmes, explique la climatologue suisse et membre du GIEC Sonia Seneviratne. "Ces deux effets combinés augmentent le risque d'inondations", explique-t-elle au micro de la RTS.

Déplacer des villes?

A Lacanau, près de Bordeaux, l'Atlantique devrait avancer de plus de 50 mètres d'ici 2050. Par conséquent, les autorités envisagent de délocaliser plus de mille logements et des centaines de commerces à l'intérieur des terres.

Cette pratique est déjà courante, notamment en Asie du Sud-Est, précise François Gemenne, chercheur et politologue spécialiste des questions de migrations et d'environnement. Il cite ainsi la création d'une nouvelle capitale en Indonésie, Nusantara, située sur l'île de Bornéo.

Et en Europe, aucun cadre juridique ne définit les réfugiés climatiques. Au niveau international, l'agenda de protection de l'initiative Nansen a été adopté par 110 gouvernements en 2015, détaille François Gemenne.  Cependant, ces mesures n'ont rien de "contraignant" et "les Etats les appliquent comme bon leur semble", constate le politologue lundi dans La Matinale.

Sur le long terme, le nombre de déplacements en Europe pourrait déstabiliser les économies locales et accroître les inégalités.

Sujet radio: Virginie Gerhard

Texte web: Mérande Gutfreund