L'année 2023 a probablement été la plus chaude de ces 100'000 dernières années
Avec une température moyenne de 14,98°C, l'année écoulée a été 1,48°C plus chaude que le climat de l'ère pré-industrielle (1850-1900), a annoncé mardi l'observatoire européen Copernicus dans son bilan annuel, publié un mois après la COP28 à Dubaï. Le nouveau record dépasse d'une large marge (0,17°C) le précédent, pourtant récent, datant de 2016.
Derrière cette mesure de thermomètre s'égrène une longue liste de catastrophes climatiques, alimentées par les émissions de gaz à effet de serre de l'humanité: incendies massifs au Canada, sécheresses extrêmes dans la Corne de l'Afrique et au Moyen-Orient, canicules estivales inédites en Europe, aux Etats-Unis et en Chine, ou encore chaleurs hivernales records en Australie et en Amérique du Sud, précipitations dévastatrices et ouragans renforcés.
Si les données annuelles de Copernicus remontent à 1850, les températures relevées en 2023 "dépassent probablement celles de toutes les périodes depuis au moins 100'000 ans", connues grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glace, a commenté Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.
Température proche de la limite de 1,5°C
"Il est probable" que la barre de 1,5°C de réchauffement sur 12 mois glissants sera mesurée "en janvier ou février 2024", malgré le froid qui traverse l'Europe en ce moment, prévoit Copernicus. Cette anomalie doit toutefois être relevée en moyenne sur "au moins 20 ans" pour considérer que le climat mondial a atteint cette limite, rappelle l'observatoire.
Mais cette perspective se rapproche: pour tenir cette limite, la baisse des émissions de gaz à effet de serre doit atteindre -43% d'ici à 2030 par rapport à 2019, selon les experts climatiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Or la décrue mondiale n'a pas encore commencé, même si certains experts annoncent que le pic des émissions est imminent.
Le climat actuel est considéré comme déjà réchauffé de façon stable d'environ 1,2°C par rapport à 1850-1900. Et au rythme actuel d'émissions, le GIEC prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d'être atteint en moyenne dès les années 2030-2035.
Records pendant huit mois d'affilée
L'année dernière, "pour la première fois, chaque jour de l'année a été plus chaud de 1 degré" au moins par rapport à l'ère pré-industrielle. Deux jours en novembre ont même dépassé les 2 degrés de réchauffement.
Marquée par le début d'El Niño, phénomène synonyme de réchauffement supplémentaire qui devrait atteindre sa pleine mesure en 2024, l'année a connu huit mois d'affilée de records mensuels, de juin à décembre. Juillet 2023 détient désormais le record mensuel absolu, immédiatement suivi par août 2023.
Sur les près de 30'700 jours écoulés depuis 1940, les 46 journées les plus chaudes ont été mesurées en 2023, toutes l'été dernier, en juillet et août, selon les données de Copernicus analysées par l'AFP. En Europe, 2023 se classe au deuxième rang des années les plus chaudes, derrière 2020.
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ats/iar
Des océans en surchauffe
Les océans du globe ont eux aussi été en surchauffe de "manière persistante et inhabituelle", avec des records saisonniers constamment battus depuis avril.
Ces températures, inédites depuis neuf mois, menacent la vie marine, augmentent l'intensité des tempêtes et réchauffent l'atmosphère. Elles sont particulièrement scrutées par les climatologues, compte tenu du rôle majeur de régulateur du climat joué par les océans, qui absorbent plus de 90% de l'excès de chaleur causé par l'activité humaine.
Cette hausse a aussi pour effet d'accélérer la fonte des plateformes de glaces flottantes du Groenland et d'Antarctique, cruciales pour retenir l'eau douce des glaciers et empêcher l'élévation massive du niveau des océans. La banquise de l'Antarctique a atteint des niveaux bas records pendant huit mois de l'année écoulée.
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