Le canton de Genève doit accélérer les choses s'il veut atteindre la neutralité carbone

Instauré à Genève pour évaluer le Plan climat cantonal et composé de représentants et représentantes de la société civile, le Conseil pour le climat estime, dans un rapport publié mardi, que des efforts importants doivent encore être accomplis pour que le canton parvienne à la neutralité carbone en 2050, comme il se l'est fixé.

Sans priorisation de la transition écologique au sein de l'administration publique et sans investissements supplémentaires, il ne sera pas non plus possible, d'ici à 2030, de réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990, un but qui figure également dans le Plan climat cantonal.

Conseil scientifique

L'adaptation du territoire aux effets du changement climatique peinera aussi à se concrétiser dans les délais impartis sans nouvelles mesures.

Le Conseil émet ainsi une série de recommandations pour aider le gouvernement genevois dans sa politique de transition. Des recommandations "consensuelles", ont expliqué plusieurs membres, rien de révolutionnaire. Une majorité d'entre-elles sont plutôt institutionnelles, et aucune mesure coercitive, aucun délai ni seuil n'ont été fixés.

Il préconise tout d'abord la constitution d'un conseil scientifique intercantonal romand. Cet organe, une sorte de "GIEC" à l'échelle romande, aurait pour mission de fournir aux cantons les données scientifiques qui permettraient d'atteindre les objectifs de diminution de GES.

>> L'interview dans Forum de Sophie Swaton, présidente du Conseil pour le climat :

Planification, investissements et justice sociale

Aux yeux du Conseil pour le climat, Genève devrait parallèlement encourager plus fortement les formations et les reconversions professionnelles dans les filières dites "vertes", telles que la rénovation énergétique, l'agriculture durable ou l'économie circulaire.

Pour mener à bien une politique climatique ambitieuse, il faudra aussi ne pas avoir peur d'investir, affirme le rapport, estimant ainsi que les 5,6 milliards de francs prévus par Genève pour la période 2021-2030 sont "significatifs" mais insuffisants pour répondre à l'urgence.

Par ailleurs, le Conseil pour le climat recommande au gouvernement d'intégrer les problématiques de justice sociale et de lutte contre les inégalités. Il pourrait s'inspirer de la Grande-Bretagne, où le coût de la transition climatique a été déterminé pour différentes catégories sociales.

Adhésion de la population

Enfin, le Conseil propose la création d'un "laboratoire des nouveaux récits" destiné à créer "l'adhésion du plus grand nombre" aux politiques climatiques.

Cette entité aurait pour objectif de proposer des campagnes ludiques et diversifiées et de promouvoir les expressions artistiques valorisant les récits et les imaginaires d'une société sobre et solidaire. Cela dans le but de changer les imaginaires collectifs et se débarrasser des habitudes de consommation inconciliables avec la préservation de l'environnement.

ats/jop