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L'ADN environnemental, une nouvelle méthode pour protéger la biodiversité marine

Des cétacés repérés à Shark Bay, en Australie par une des expéditions de DNAe de l'UNESCO. [UNESCO - Geo Media Interactive]
Une cartographie des espèces marines réalisée grâce à l'ADN environnemental / Le Journal horaire / 41 sec. / mardi à 11:02
L'UNESCO a dévoilé lundi les résultats de sa première cartographie des espèces marines réalisée grâce à l'ADN environnemental. Une façon d'identifier les zones à protéger en priorité, notamment contre le réchauffement climatique.

Le programme lancé en décembre 2021 "permet de voir quelles espèces marines sont les plus menacées par le réchauffement climatique", explique Ward Appeltans, chef du système d'information sur la biodiversité des océans à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Des élèves des Îles australiennes de Lord Howe participent à la recherche mondiale sur l'ADN environnemental de l'UNESCO en février 2023. [UNESCO - CC BY-NC-SA 4.0]
Des élèves des Îles australiennes de Lord Howe participent à la recherche mondiale sur l'ADN environnemental de l'UNESCO en février 2023. [UNESCO - CC BY-NC-SA 4.0]

L'ADNe – abréviation pour ADN environnemental –, méthode née à titre expérimental dans les années 2000, mais qui commence seulement à être mise en œuvre, consiste à prélever un échantillon d'environ 1,5 litre d'eau pour identifier les espèces marines à partir des traces d'ADN qu'elles laissent.

Cette méthode a été utilisée par l'UNESCO dans vingt-et-une aires marines protégées, au Costa Rica, au Bangladesh ou encore aux Philippines: 4500 espèces ont été recensées grâce à cette opération, dont 120 sont sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN): "Sans cette technique, cela aurait pris au moins cinq ans de travail et cela aurait été plus intrusif", se réjouit Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO. "Cela permet d'identifier les zones à protéger en priorité".

L'agence onusienne a mobilisé des écolières et des écoliers ainsi que les personnes en charge de leur enseignement afin de réaliser les prélèvements et les sensibiliser à l'importance de la préservation de la biodiversité marine.

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Espèces invasives

Dans le parc national des Everglades, en Floride, où des jeunes provenant de lycées ont participé à la collecte, l'ADNe a aussi servi à répertorier l'avancée d'espèces invasives comme les pythons.

"Nous voulons aider les pays à comprendre les changements causés par le réchauffement climatique pour qu'ils puissent améliorer la protection des espèces marines", affirme Fanny Douvere, cheffe du Programme marin du patrimoine mondial de l'UNESCO.

"Cela peut être mis en place aussi bien au Bangladesh, avec moins de ressources, qu'en Australie ou aux Etats-Unis", avance-t-elle. Les prélèvements ADNe restent abordables financièrement: chaque kit coûte 25 euros, soit 23 francs.

Protéger 30% des océans d'ici à 2030

"C'est la première fois que cette méthode est utilisée à grande échelle. Elle permet d'avoir des résultats en seulement quelques mois au lieu de 5 à 10 ans", se réjouit Fanny Douvere.

L'UNESCO espère que cette méthode permettra d'atteindre l'objectif fixé par l'accord de Kunming-Montréal de décembre 2022: protéger 30% des océans d'ici à 2030, alors que seuls 8% le sont pour l'instant. L'ADNe permet de déterminer quelles zones doivent être protégées en priorité; une carte a été dressée qui répertorie les espèces identifiées.

L'objectif de cette organisation internationale est donc de déployer l'échantillonnage de l'ADNe dans les 18'000 zones marines protégées.

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ats/sjaq

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