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Aux JO de Paris, ces sponsors ultra-polluants qui souhaitent redorer leur image

Grâce au sponsoring sportif, les entreprises les plus polluantes parviennent à "verdir" leur image. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Grâce au sponsoring sportif, les entreprises les plus polluantes parviennent à "verdir" leur image.  - [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Le sponsoring d'événements sportifs est fréquemment utilisé par les multinationales pour verdir leur image. Les Jeux olympiques de Paris n'échappent pas à la règle, montrent plusieurs rapports. Coca-Cola est particulièrement pointé du doigt, tout comme Samsung et Toyota, classés parmi les sponsors des JO les plus néfastes pour le climat.

Les Jeux olympiques figurent parmi les événements sportifs internationaux les plus couverts médiatiquement, juste après la Coupe du Monde de la FIFA. Ils offrent aux marques une occasion unique de promouvoir leurs produits et d'agrandir leur notoriété, autour de valeurs positives, telles que le fair-play, le dépassement de soi ou encore la durabilité.

Or, après avoir comparé les émissions de gaz à effet de serre des principaux sponsors des JO 2024, le think tank "New Weather Institute" a décerné trois "médailles" dont se seraient bien passées ces multinationales: l'or pour Toyota, l'argent pour Procter & Gamble et le bronze pour Samsung. On retrouve également plus loin les marques Bridgestone, Panasonic et Coca-Cola.

>> Lire aussi : Aux Jeux olympiques, la compétition a aussi lieu entre les sponsors

Médaille d'or pour Toyota

Les trois entreprises épinglées font partie des 15 sponsors les plus importants de Paris 2024, réunis au sein du programme The Olympic Partner (TOP) et qui bénéficient des droits de marketing exclusifs sur les Jeux olympiques et paralympiques. Il existe aussi des sponsors nationaux (comme LVMH ou Air France), qui ne font pas partie du champ de cette étude.

Toyota, plus grand constructeur automobile mondial, se distingue largement des autres sponsors avec des émissions atteignant 575,8 millions de tonnes CO2. Un chiffre qui dépasse les émissions totales de la France et celles de tous les pays participant cette année, à l'exception de 11 nations majeures telles que les États-Unis et la Chine.

Pour le géant des biens de consommation Procter & Gamble, qui obtient la 2ème place, les émissions totales s’élevaient à 159 millions en 2022 contre 139,8 pour Samsung pour la même période.

Des entreprises qui jouent sur les mots

Dans son rapport publié le 22 juillet dernier, le think tank met également les sponsors face à leurs contradictions, les accusant de recourir au "sportwashing", soit le procédé par lequel une entreprise, souvent très polluante, sponsorise un événement sportif pour améliorer son image.

Le groupe d'étude donne notamment l'exemple de Toyota qui met à disposition 2674 véhicules pour le transport des athlètes et des participants accrédités, en les présentant comme une "flotte entièrement électrifiée".

Les JO de Paris auront un impact moins important que les années précédentes, mais tout de même significatif. En effet, le budget carbone prévu est de 1,58 million de tonnes de CO2

Rapport du New Weather Institute

Or, selon une enquête du Climate Impacts Tracker Asia, 1021 de ces véhicules sont des hybrides fonctionnant à l’essence, et ne sont donc pas totalement électriques. Seules 176 voitures disposent d’une prise pour la recharge, tandis que les 845 autres hybrides se contentent de l’énergie fossile, sans possibilité de recharge électrique.

"Si les modestes gains d’efficacité de ces véhicules sont à saluer, la réalité scientifique et technique est que 100% de leur apport énergétique provient de la combustion d’essence", déplorent les auteurs du rapport. Et d'ajouter: "Les JO de Paris auront un impact moins important que les années précédentes, mais tout de même significatif. En effet, le budget carbone prévu est de 1,58 million de tonnes de CO2".

Le sponsor Coca-Cola critiqué par le corps médical

Enfin, si Coca-Cola n'arrive qu'en sixième position dans le classement des sponsors les plus pollueurs, la marque est dans le viseur d'un autre camp: celui des spécialistes de santé publique. Dans un récent rapport, la revue médicale BMJ Global Health dénonce notamment le fait que Coca-Cola propose des boissons sucrées "dont la valeur nutritionnelle est quasi inexistante".

"En continuant de s'associer avec Coca-Cola, le mouvement olympique risque d'être complice de l'aggravation d'une épidémie mondiale de mauvaise alimentation, de la dégradation de l'environnement et du changement climatique", écrivent les deux chercheuses, Trish Cotter et Sandra Mullin dans la revue spécialisée.

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Des personnes lèvent les mains au ciel alors qu'un camion Coca-Cola passe devant elles lors du relais de la flamme olympique à Toulouse. [NurPhoto via AFP - ALAIN PITTON]

Le géant américain des sodas a, en outre, déjà été pointé du doigt pour son utilisation massive de contenants en plastique lors des Jeux olympiques de Paris, une utilisation qu'il justifie par des impératifs "techniques et logistiques".

Interrogé mercredi lors de sa conférence de presse quotidienne pendant les JO de Paris, le CIO s'est dit de son côté "incroyablement fier" du partenariat centenaire avec la marque, mettant en avant qu'ils fournissent également beaucoup d'options "sans sucre".

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Hélène Krähenbühl

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