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Climeworks veut réduire de 50% le coût du captage de CO2 dans l'air d'ici 2030

La société Climeworks annonce une avancée majeure dans la technologie de capture de CO2
La société Climeworks annonce une avancée majeure dans la technologie de capture de CO2 / 19h30 / 2 min. / le 4 juin 2024
L'entreprise suisse Climeworks veut réduire de 50% le coût du captage de CO2 dans l'air grâce à une nouvelle version de sa technologie qu'elle compte mettre en place dans une future usine aux États-Unis, annonce-t-elle mardi.

L'entreprise, spécialisée dans le captage de CO2 dans l'atmosphère, a mis au point une troisième génération de sa technologie, qui consiste à retirer du dioxyde de carbone pour le stocker sous terre en le cristallisant dans la roche.

Cette troisième génération s'appuie sur des filtres plus puissants qui augmentent la surface de contact avec le CO2. En poussant l'air dans ces filtres, "nous pouvons diviser par deux la durée du processus de capture du CO2, et il en va de même pour le détacher du filtre", indique mardi dans le 19h30 Jan Wurzbacher, cofondateur de Climeworks. Cela permet donc de réduire de moitié au moins la durée nécessaire pour extraire le CO2 de l’atmosphère.

La quantité captée est ainsi "plus de deux fois supérieure à celle des filtres précédents". De plus, "les nouveaux matériaux consomment moitié moins d'énergie et sont conçus pour durer trois fois plus longtemps", ajoute la firme.

Réduction significative des coûts de captage du CO2

Avec cette nouvelle version de sa technologie, Climeworks entend faire descendre les coûts de captage "aux environs de 250 à 350 dollars par tonne" d'ici 2030, précise le communiqué.

En tenant compte de tous les frais pour aller jusqu'à l'élimination du CO2 emprisonné dans de la roche, les coûts pourraient s'établir aux alentours de 400 à 600 dollars par tonne, soit "une réduction pouvant aller jusqu'à 50% par rapport à aujourd'hui".

Les coûts élevés qu'implique cette technologie sont actuellement l'un des grands défis pour le captage de CO2. Retirer du CO2 de l'atmosphère coûte actuellement entre 600 et 1000 dollars par tonne.

Mise en garde face à l’usage détourné de ces technologies

Pour stopper le réchauffement climatique, la capture directe du CO2 ne sera jamais la seule solution, selon Martine Rebetez, professeure à l’Université de Neuchâtel et à la WSL. Elle estime que ces techniques joueront un rôle crucial uniquement lorsque notre société aura réussi à se décarboner à 90%.

"Ces techniques seront particulièrement intéressantes lorsque nous disposerons exclusivement d’énergies renouvelables, et plus encore lorsque nous en aurons en surplus", souligne-t-elle.

Mais le secteur est sur le point d'exploser. Les analystes prévoient que le marché de la capture directe du CO2 pourrait valoir plusieurs milliards de francs ces prochaines années.

Maad Osta, analyste chez AtonRâ Partners, souligne l’importance de veiller à ce que les investissements dans ces nouvelles technologies de capture du CO2 ne freinent pas ceux dans des technologies de décarbonation plus matures. Il met également en garde contre l’utilisation de ces nouvelles technologies comme un écran de fumée par les grandes entreprises pétrolières pour détourner l’attention de leurs opérations habituelles.

Sujet TV: Pascal Jeannerat

Adaptation web: Miroslav Mares avec les agences

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De l’EPFZ à la première usine de captage de CO2 au monde

L'entreprise a été créée en 2009 par deux doctorants de la prestigieuse Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) qui avaient mis au point un système permettant de retirer du CO2 de l'atmosphère en complément des efforts destinés à réduire les émissions de gaz à effets de serre.

La start-up, qui emploie désormais près de 500 personnes, a connu une croissance fulgurante. En 2021, elle avait ouvert en 2021 une usine en Islande qui était alors la première au monde capable de retirer du CO2 de l'atmosphère pour le stocker dans de la roche.

En mai 2024, elle est passée a la vitesse supérieure en ouvrant à proximité une deuxième usine à proximité dix fois plus puissante.

Les travaux de construction pour sa prochaine usine en Louisiane doivent débuter en 2026, a-t-elle précisé. Climeworks prévoit également de construire deux autres sites aux Etats-Unis, dans le Dakota du Nord et en Californie.