COP16: l'ONU appelle à des "investissements significatifs" pour sauver la biodiversité
La ministre de l'Environnement colombienne Susana Muhamad a ouvert les débats en prenant la présidence de cette 16e conférence de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique, lors d'une première séance plénière. Celle-ci a été ouverte par une prière à la "Pachamama", la Terre-Mère, prononcée par des membres de l'un des 150 peuples autochtones du pays.
Cette COP Biodiversité est la plus grande jamais organisée avec 23'000 inscrits, se tient à Cali, capitale d'une province du sud-ouest.
"Passer de la parole aux actes"
Dimanche, ils ont été exhortés par le chef de l'ONU Antonio Guterres de "passer de la parole aux actes" car "nous ne sommes pas sur la bonne voie".
Dans un message vidéo à la veille de l'ouverture des négociations, Antonio Guterres a appelé dimanche les négociateurs à "quitter Cali avec des investissements significatifs dans les fonds du plan-cadre mondial pour la biodiversité, et des engagements à mobiliser d'autres sources de financement public et privé pour le mettre en oeuvre dans son intégralité".
"Il s'agit d'honorer les promesses faites en matière de financement et d'accélérer le soutien aux pays en développement", a-t-il souligné. "L'effondrement des services rendus par la nature, tels que la pollinisation et l'eau potable, entraînerait une perte annuelle de milliers de milliards de dollars pour l'économie mondiale, les plus pauvres étant les plus durement touchés".Engagements de la COP5 pas respectés
Feuille de route adoptée il y a deux ans
A la COP15 il y a deux ans, l'accord historique de "Kunming-Montréal", une feuille de route destinée à "stopper et inverser" d'ici 2030 la destruction des terres, des océans et des espèces vivantes, indispensables à l'humanité, a été adopté.
Les pays s'étaient engagés à présenter d'ici la COP16 une "stratégie nationale biodiversité" reflétant leur part des efforts pour tenir les 23 objectifs mondiaux fixés : protéger 30% des terres et mers, restaurer 30% des écosystèmes dégradés, réduire de moitié les pesticides et le taux d'introduction d'espèces exotiques envahissantes, mobiliser 200 milliards de dollars par an pour la nature, etc...
Mais à ce jour, seuls 34 pays ont respecté leur engagement de présenter ces stratégies complètes. Et 107 ont soumis des "cibles nationales", c'est-à-dire des engagements sur tout ou partie des objectifs, selon Astrid Schomaker, secrétaire exécutive de la CDB.
Pour un mécanisme de suivi
La COP16 doit aussi présenter les détails d'un mécanisme de suivi des efforts mondiaux, avec des indicateurs indiscutables, afin de responsabiliser les pays et préparer un bilan d'étape officiel crédible à la COP17 en 2026.
Et négocier un système de partage des bénéfices réalisés par les entreprises des pays riches, cosmétiques et pharmaceutiques en tête, grâce aux données génétiques issues de plantes et d'animaux conservés par les pays en développement.
Nerf de la guerre: l'argent
Mais le nerf de la guerre sera surtout financier : "Nous sommes tous d'accord pour dire que nous sommes sous-financés pour cette mission, que nous avons besoin d'autres sources de financement", a déclaré la présidente de la COP16, pressant les pays développés, censés fournir 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, d'annoncer de nouveaux engagements.
L'ONG Greenpeace, dans un rapport dévoilé lundi, s'est montré plus alarmante. Elle estime qu'au rythme actuel l'objectif de protéger 30% des océans avant 2030 ne sera pas atteint avant la fin du siècle.
"Accélérer le rythme"
Depuis le sommet de la Terre de Rio en 1992, quand la CBD a été créée, seuls 8,4% des océans sont devenus des aires marines protégées (AMP). Et seulement 2,7% des océans sont "fortement" protégés des activités humaines, estime Greenpeace.
"Les gouvernements doivent accélérer le rythme des ratifications pour que le traité mondial sur les océans prenne vie en 2025", "seul moyen" pour tenir l'objectif des 30%, a déclaré à Cali Megan Randles, conseillère politique de Greenpeace UK.
ats/vajo
Sous haute sécurité
Cette COP Biodiversité se tient sous haute sécurité à Cali, capitale d'une province du sud-ouest en état d'alerte en raison des menaces d'une guérilla en guerre ouverte avec le gouvernement.
Environ 11'000 policiers et soldats colombiens, soutenus par du personnel de sécurité de l'ONU et des États-Unis, renforcent la sécurité à Cali où 140 ministres et une douzaine chefs d'État sont attendus fin octobre. Katrin Schneeberger, directrice de l'Office fédéral de l'environnement, représentera la Suisse pour la partie ministérielle.