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Des touristes sur les traces de l'ours polaire menacé dans le Svalbard en Norvège

Sur l'archipel du Svalbard en Norvège, l'ours polaire est menacé par le réchauffement climatique
Sur l'archipel du Svalbard en Norvège, l'ours polaire est menacé par le réchauffement climatique / 19h30 / 3 min. / le 25 août 2024
Dans le Svalbard, un archipel rattaché à la Norvège, où le réchauffement climatique est sept fois supérieur à la moyenne mondiale, l'ours polaire est particulièrement menacé. Des touristes ont suivi ses traces à bord d'une croisière pédagogique début juillet.

Aux confins de l’Arctique, l’archipel du Svalbard est la terre la plus septentrionale d’Europe. Toute forme de vie présente est adaptée à la glace et au froid. La fonte des glaces menace donc directement ces espèces endémiques, et en particulier l’ours polaire, qui régnait depuis des millénaires en seigneur dans ce paradis blanc.

En juillet dernier, une croisière d’expédition encadrée par des spécialistes du climat et de la faune locale a amené des touristes au Svalbard sur les traces de ce mammifère.

"J'avais l'évolution du climat comme centre d’intérêt, donc c’est ce qui m'a motivé à choisir cette destination", témoigne l'un des participants dans le 19h30 de dimanche. "On apprécie de creuser davantage et de fortifier nos convictions quand on a affaire à des spécialistes."

Objectif pédagogique

Pour ces touristes, la croisière se veut pédagogique: ils peuvent profiter de l'expertise du chef d'expédition pour constater au plus près les effets du réchauffement climatique.

"Sur terre, 99% des glaciers ont un bilan de masse négatif", indique Léo Décaux qui étudie les glaciers du Svalbard depuis huit ans. Il a vu certains d’entre eux reculer de près d’un kilomètre sur cette période.

Toutes les espèces qui vivent ici sont vouées à disparaître car elles ne peuvent pas migrer plus au nord

Léo Décaux, glaciologue et chef d'expédition pour Exploris

"La banquise, c’est la prairie de la mer", explique le glaciologue et chef d’expédition pour Exploris. "Il y a plein de petites micro-algues à la base de la banquise: le phytoplancton est au début de la chaîne alimentaire qui nourrit les poissons, les phoques et les ours polaires au sommet de la chaîne."

Toutes les espèces qui vivent ici sont vouées à "disparaître", poursuit-il, car elles ne peuvent pas migrer plus au nord, étant déjà au point le plus septentrional.

Habitat naturel

L'expédition fait justement cap plein nord, après le passage symbolique du 80e parallèle, pour observer les ours.

Le pôle Nord ne se trouvant plus qu’à 1000 kilomètres, la mer laisse peu à peu place à la banquise, l'habitat naturel des ours polaires.

"On ne peut pas imaginer la puissance qu'ils peuvent avoir", relève l'un des plus grands spécialistes au monde de l'espèce, Rémy Marion. "On a retrouvé des bélugas sur la banquise, pesant chacun 600 kilos. Ce sont les ours qui les ont posés là."

Accélération des changements

Le Svalbard est l’endroit qui se réchauffe le plus au monde, sept fois plus que la moyenne globale. Rémy Marion, qui s'y rend régulièrement depuis près de 40 ans, le constate. Il a vu le paysage profondément changer et la menace sur les ours polaires s’amplifier.

L'ours polaire (...) est parfois entraîné très loin pour trouver des ressources alimentaires sans savoir s'il pourra revenir sur la terre ferme

Rémy Marion, spécialiste des ours polaires et conférencier pour Exploris

"L'ours polaire, qui se déplace le plus longtemps possible sur la banquise pour essayer de trouver des nouvelles ressources alimentaires, est parfois entraîné très loin sans savoir s'il pourra revenir sur la terre ferme. C'est un vrai problème", explique-t-il en précisant que la banquise devrait normalement être très solide, alors qu'elle bouge au passage du bateau de l'expédition touristique.

Les ours polaires sont particulièrement menacés par la fonte des glaces. [KEYSTONE - ROMAS DABRUKAS]
Les ours polaires sont particulièrement menacés par la fonte des glaces. [KEYSTONE - ROMAS DABRUKAS]

"C’est pour ça qu'il n'y a plus que de rares ours maintenant sur la côte ouest du Svalbard", déplore le conférencier pour Exploris.

Dans le cercle polaire arctique, la population mondiale des ours polaires est aujourd’hui estimée à 27'000 individus.

Protégé depuis 1976, l’ours polaire pourrait disparaître du Svalbard si le dérèglement climatique continue sa fuite en avant.

>> Lire aussi : Des ours polaires s'adaptant à la fonte des glaces découverts au Groenland

Pierre Morel/juma

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