Pas un seul mâle en vue durant des années... En Sardaigne, deux requins femelles Mustelus mustelus (ou requin-lévrier) âgées de 18 ans ont donné naissance par parthénogenèse, donc sans fécondation. Il s'agirait d'une première chez cette espèce en voie de disparition, selon une équipe de recherche italienne.
"Cette étude rapporte le premier cas de parthénogenèse facultative" chez ce squale, écrivent autrices et auteurs dans leur étude publiée le 26 juillet dernier dans la revue scientifique Nature.
"Il est remarquable que cette découverte révèle que la parthénogenèse peut se produire chaque année chez ces requins, en alternance entre deux femelles, et exclut de manière concluante le stockage à long terme du sperme comme cause", soulignent les scientifiques. Depuis 2020, des naissances quasi annuelles ont ainsi été observées en l'absence de mâles.
Trois naissances ont eu lieu en 2020, 2021 et 2023, mais un seul spécimen, celui né en 2021, est encore en vie aujourd'hui.
Stratégie de survie
Le requin-lévrier, aussi appelé chien de mer, d'une taille moyenne de 1,5 à 2 mètres, est essentiellement menacé par la pêche illégale en Méditerranée et d'autres mers chaudes. Selon des estimations citées par l'équipe, sa population pourrait diminuer "jusqu'à 50% au cours des prochaines décennies".
La parthénogenèse est un type de reproduction qui est courante chez de petits invertébrés "tels que les abeilles, les guêpes, les fourmis et les pucerons, qui alternent entre reproduction sexuée et reproduction asexuée", détaille le magazine GEO. Elle n'a pas encore été observée chez les mammifères.
Cette technique peut donc être utile, voire vitale, pour permettre à une espèce menacée de survivre, explique encore le média français.
Bien que les mécanismes à l'origine de la parthénogenèse restent flous, il est suggéré que la réduction de la population de mâles pourrait être un facteur déterminant
Dans le cas des deux requins en question, la parthénogenèse est dite "facultative". Le phénomène a lieu "chez les femelles qui se reproduisent d'ordinaire sexuellement, comme les requins, le Varan de Komodo (...)", détaille GEO.
>> Lire aussi : Les dragons de Komodo ont du fer sur les dents pour mieux tuer leurs proies
En effet, certains reptiles, requins ou raies "peuvent modifier leur stratégie adaptative" de reproduction "en fonction des circonstances environnantes", souligne également le rapport.
Les raisons exactes de la mise en place de ce mécanisme restent toutefois encore floues. Cependant, "il est suggéré que la réduction de la population de mâles pourrait être un facteur déterminant", avancent les scientifiques.
Des aquariums aux États-Unis, aux Émirats arabes unis et en Australie ont documenté le phénomène chez d'autres espèces de requins au cours des deux dernières décennies.
afp/doe