Jugée à Londres, Greta Thunberg appelle à combattre "le vrai ennemi" du climat
"Même si c'est nous qui nous tenons ici, (...) des militants de l'environnement et des droits humains partout dans le monde sont poursuivis (...) pour avoir agi en conformité avec la science. Nous devons nous souvenir de qui est le vrai ennemi", a déclaré Greta Thunberg à la presse en quittant la Westminster Magistrates Court où son procès doit s'achever vendredi.
Vêtue d'un t-shirt gris foncé et d'un pantalon noir, les cheveux attachés en queue de cheval, la Suédoise de 21 ans est apparue calme, souriant à des militants assis dans la partie de la salle de la Westminster Magistrates Court réservée au public.
Elle a ensuite pris la parole pour confirmer son identité et sa date de naissance. Elle n'a pu cacher un sourire moqueur lorsque le représentant de l'accusation, Luke Staton, a expliqué dans son propos liminaire que les cinq accusés avaient manifesté au premier jour d'une réunion où des acteurs importants du secteur pétrolier et gazier devaient "discuter et débattre" sur le moyen de développer "des solutions durables" pour l'énergie.
A l'ouverture du procès, une poignée de militants écologistes étaient présents devant le tribunal pour soutenir la figure mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique. "Quand le monde que nous connaissons est attaqué, que faisons-nous? Nous devons nous battre", ont-ils lancé, tenant une banderole jaune sur laquelle était écrit: "Le combat climatique n'est pas un crime".
Première audience en novembre
Greta Thunberg avait plaidé non coupable d'infraction à l'ordre public lors d'une première audience en novembre, comme les quatre autres militants qui comparaissent avec elle jeudi. Elle risque une amende maximale de 2500 livres, soit plus de 2730 francs.
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Au total, 26 militants ont été arrêtés pour avoir perturbé l'accès à l'Energy Intelligence Forum, une conférence qui réunissait les principales compagnies pétrolières et gazières dans un hôtel de luxe de la capitale britannique le 17 octobre 2023. L'action des militants est, elle, connue sous le nom d'"Oily Money Out".
Ce jour-là, les militants avaient accueilli les participants par des "honte à vous", munis de pancartes "Stoppez Rosebank", en référence à un champ pétrolier controversé en mer du Nord dont Londres a autorisé l'exploitation en septembre.
"Derrière ces portes closes (...) des politiciens sans carrure concluent des accords et des compromis avec les lobbyistes du secteur destructeur des combustibles fossiles", avait lancé Greta Thunberg à la presse, avant d'être embarquée dans un fourgon de police.
Sanctions plus sévères pour les militants
La jeune militante est poursuivie pour ne pas s'être pliée à l'injonction de la police londonienne de ne pas bloquer la rue dans laquelle se déroulait ce rassemblement.
Libérée sous contrôle judiciaire, elle avait dès le lendemain pris part à une nouvelle manifestation devant l'hôtel cinq étoiles, avec des centaines d'autres personnes.
Au Royaume-Uni, les revirements du gouvernement conservateur de Rishi Sunak sur des mesures phares de la lutte contre l'urgence climatique et sa décision d'accorder de nouveaux permis d'exploitation de gisements d'hydrocarbures en mer du Nord, ont suscité la colère des militants. Ils ont intenté plusieurs recours en justice et multiplié les actions ces derniers mois.
En retour, ils se sont attirés l'hostilité de l'exécutif qui a durci la législation pour les punir plus sévèrement et les dissuader de passer à l'action.
afp/juma