L'aide aux pays en développement au cœur de la conférence de l'ONU sur le climat en Azerbaïdjan
La conférence a été ouverte lundi matin par Sultan Al Jaber, président de la COP précédente, qui va passer la main officiellement à l'Azerbaïdjan.
Lors de la COP de 2015 à Paris, il avait été convenu que les pays industrialisés mettraient à disposition 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2025 pour des mesures dans les pays en développement. Selon l'OFEV, cet objectif a été atteint pour la première fois en 2022.
Augmenter le nombre de pays donateurs
Mais à l'avenir, qui paiera et combien? Les pays riches, qui paient actuellement, voudraient élargir la base des contributeurs à la Chine ou aux pays du Golfe.
C'est d'ailleurs un des objectifs de la Suisse lors de ce sommet (lire encadré). Tous les pays devraient contribuer "selon leurs possibilités", en particulier "les Etats riches qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre", a déclaré l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) avant la conférence.
Contexte géopolitique troublé
Les discussions sont d'autant plus tendues qu'elles ont lieu dans un contexte géopolitique bousculé par les conflits au Proche-Orient et en Ukraine, les guerres commerciales entre l'Occident et la Chine, et sur fond d'austérité budgétaire dans de nombreux pays développés.
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A quoi s'ajoute le résultat de l'élection présidentielle américaine. Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris peu avant la fin de son mandat et a promis de recommencer.
Le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre actuel est loin d'être le plus important fournisseur d'aide bilatérale pour le climat, mais il joue un rôle majeur dans les pourparlers.
Ce contexte général rend "la situation alarmante", prévient lundi Pascal Vollenweider, directeur de campagnes pour l'ONG Avaaz, dans La Matinale en citant la réélection de Donald Trump, qu'il juge "mythomane" et "climatosceptique", et les inondations à Valence. (Espagne). "C'est une crise mondiale et on a besoin de solutions mondiales", soutient celui qui est à la tête d'un mouvement en ligne mondial qui donne aux citoyens les moyens de peser sur les décisions politiques.
Il espère donc que la COP29 débouche sur des "accords de financement" avant "la fameuse COP30 au Brésil" pour laquelle "les contributions nationales sont attendues", selon lui.
Série d'événements extrêmes
L'accord de Paris de 2015 vise à contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C, par rapport à 1850-1900.
Avec près de 1,3°C de réchauffement, le monde connaît déjà une série d'évènements extrêmes cette année qui sera vraisemblablement la plus chaude jamais enregistrée: inondations, canicules, sécheresses...
Or l'ONU Environnement a calculé que les promesses actuelles nous mènent vers un réchauffement de 2,6°C à 2,8°C d'ici à 2100.
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La COP28 à Dubaï il y a un an a appelé à une "transition" vers une sortie du pétrole, du gaz et du charbon. Cette année encore, les négociations se tiennent dans un pays, l'Azerbaïdjan, qui est aussi un gros exportateur d'hydrocarbures.
cab/juma avec les agences
Quels objectifs pour la Suisse?
Durant les deux semaines de la COP29, la délégation helvétique, qui sera représentée par le ministre de l'Environnement Albert Rösti, va s'engager en matière d'investissements. Le Conseil fédéral lui a demandé de peser dans les négociations en vue d'un accord mondial sur un nouvel objectif chiffré de finance climatique.
Aucun montant n'a été articulé à ce stade, mais les ONG estiment que la Confédération pourrait doubler sa contribution actuelle pour la protection du climat et atteindre près d'un milliard de dollars (environ 879 millions de francs) par an.
La Suisse va aussi défendre ses propres intérêts: elle s’est engagée à réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici à 2030, avant d'atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour cela, elle ne compte pas réduire totalement ses émissions de gaz à effet de serre, mais plutôt en compenser une grande partie par l'achat de crédits de carbone. C'est-à-dire qu'elle prévoit de payer un droit de polluer en investissant dans des projets climatiques à l’étranger.
Albert Rösti sera à Bakou durant la deuxième semaine de la conférence pour les négociations finales.
Une délégation afghane présente
L'Afghanistan assistera à la COP29 qui s'ouvre lundi en Azerbaïdjan. Il s'agit d'une première depuis le retour au pouvoir du gouvernement taliban en 2021, reconnu par aucun Etat au monde, mais qui plaide pour être associé aux discussions internationales sur le climat.
L'Afghanistan, sixième pays le plus vulnérable au changement climatique, peine à faire face à des crues subites, sècheresses et autres catastrophes naturelles que des scientifiques lient au changement climatique. Rien qu'en mai, plus de 350 Afghans ont péri dans des crues.