En Europe, les forêts jouent un rôle crucial pour absorber le CO2. Mais pour résister au réchauffement climatique, elles ont besoin d’un coup de pouce. En France, en Belgique et en Allemagne, un projet pilote vise l’introduction de nouvelles essences plus résistantes à la sécheresse.
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En Belgique, les forestiers plantent une nouvelle espèce entre les hêtres, les érables et les chênes. "C’est du chêne zéen", indique Nicolas Dassonville de la Société royale forestière de Belgique, dans le 19h30 de la RTS vendredi. Cette espèce atypique pour son pays provient d'Andalousie et d'Afrique du Nord, précise-t-il.
Projet sur des décennies
D’ici à quelques décennies, des spécimens vigoureux devraient pousser sur ces parcelles.
Nicolas Dassonville explique le processus: "Ce chêne va andalou va donner son pollen aux chênes locaux, les chênes sessiles, et leur progéniture aura les caractéristiques de résistance à la sécheresse des chênes andalous et sera adaptée au biotope local".
L’intérêt est grand, car si les forêts peuvent naturellement se déplacer de quelques kilomètres par siècle, désormais ça ne suffit plus, explique Nicolas Dassonville. "La vitesse du changement climatique est inédite. Elle est 100 fois trop rapide par rapport à la vitesse de migration naturelle des arbres. C’est là que l’Homme doit intervenir et donner un coup de pouce."
Un laboratoire forestier
Mais pour être certain de l'efficacité, il faut d’abord tester la capacité d’adaptation des espèces venues du Sud, comme le font ces forestiers sur un terrain laboratoire en observant des essences candidates.
Il faut bien choisir, car la forêt doit continuer à jouer son rôle crucial pour la biodiversité et la captation du CO2. Sans compter que la filière du bois représente en Europe des centaines de milliers d’emplois.
"On a choisi celui-ci pour son intérêt en termes de valorisation du bois", explique Julie Losseau, de la société royale forestière de Belgique, en montrant un noisetier de Byzance. "C’est un bois précieux qui permet de faire de la menuiserie. C'est un beau bois un peu rouge."
Si tout se passe bien, dans un siècle, les forêts de Belgique seront toujours là. Mais avec un petit air du Sud.
Isabelle Ory / Julien Von Roten / juma
La Suisse aussi cherche des solutions pour ses forêts
La Suisse, dont les forêts couvrent près d'un tiers du territoire, est également concernée. On estime qu’un arbre sur huit est mort, sur les 560 millions d’arbres répartis entre les Alpes, le Plateau et le Jura. Dans le Jura, les hêtres, mélèzes et épicéas sont particulièrement touchés.
Le cinquième inventaire forestier national qui se déroule actuellement démontre que le nombre d'arbres morts et endommagés a augmenté depuis le dernier inventaire et que le déplacement de certaines essences dans d’autres régions du pays se confirme. L’épicéa par exemple, l’essence la plus abondante en Suisse, a tendance à disparaître de son milieu naturel, à tel point qu'il pourrait avoir disparu du Plateau d'ici à 50 ans, selon les estimations.
Toutes les essences actuelles sont en danger. L'Institut fédéral de recherche sur la forêt mène donc des tests pour trouver des essences capables de résister aux nouvelles conditions climatiques. Ainsi, 57 plantations expérimentales ont été créées dans toute la Suisse, permettant aux scientifiques d'observer la croissance de 55'000 plants de cèdres du Liban, érables de Turquie ou de sapins Douglas américains pendant plusieurs décennies.