L'Organisation météorologique mondiale alerte sur l'état des ressources en eau
Selon l'OMM, les cours d'eau de la planète ont atteint l'an dernier un niveau de sécheresse sans précédent depuis plus de trois décennies et le début des mesures. Les glaciers aussi ont subi l'an dernier leur pire fonte en cinquante ans d'observation. Cette situation résulte du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines, tout comme l'abondance de l'eau et sa rareté.
Le réchauffement climatique perturbe en effet fortement les cycles hydriques, ce qui explique les tempêtes de ces derniers mois et entraîne des répercussions dramatiques sur les populations, l’agriculture et les écosystèmes.
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Suisse également touchée
La Suisse aussi subit les perturbations liées au cycle de l'eau et fait face à une importante fonte des glaciers. Ils ont perdu environ 10% de leur volume ces deux dernières années [lire aussi l'encadré].
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Les chutes de neige sont aussi de moins en moins importantes et sont remplacées par la pluie en moyenne montagne, à l'origine de plus en plus d'inondations à la sortie de l'hiver. Alors que, par le passé, le manteau neigeux qui était plus important ruisselait au printemps de façon progressive dans le cours d'eau.
L'état réel des ressources en eau échappe encore aux scientifiques qui travaillent sur le sujet, car les conséquences du réchauffement climatique perturbent fortement leurs travaux. La hausse des températures a accéléré le cycle hydrologique qui est aussi devenu plus irrégulier et moins prévisible.
>> Pour aller plus loin sur le sujet de l'eau, lire : Crise de l'eau: état des lieux en Suisse et sur la planète bleue
Foued Boukari / juma
La Suisse, feu le château d'eau de l'Europe?
Le dérèglement climatique va-t-il faire perdre à la Suisse son surnom de "château d'eau de l'Europe", jusqu'à causer de possibles pénuries d'eau? "A court terme, non", a rassuré lundi soir dans Forum le chef de la section du monitoring hydrologique à l'OMM Dominique Bérod.
"Notre eau vient d'une part des eaux souterraines, qui sont encore très mal connues, et d'autre part de la fonte des neiges et de la fonte des glaciers. La neige est en train d'être remplacée par des pluies en hiver, ce qui se traduit par un manque [de neige qui fond et se transforme en eau] en mai-juin. En revanche, l'eau qui vient des glaciers alimente les cours d'eau en juillet-août. Et celle-ci va s'intensifier dans les 10 à 20 années qui viennent", explique celui qui est aussi un ancien chef du Service hydrologique national suisse.
Problème dans 80 ou 100 ans
Pour lui, "le problème se présentera plutôt dans 80 ou 100 ans que dans les décennies à venir", quand de nombreux glaciers auront disparu. "Pour prendre une image économique, là, on est en train de manger notre capital", illustre-t-il.
Pour trouver des solutions, Dominique Bérod appelle à un renforcement des recherches pour mieux comprendre le cycle hydrologique, qui reste encore mal compris, et la mise en place de systèmes de prévision pour tenter d'anticiper les périodes de manque d'eau ou, au contraire, de fortes précipitations. Il faut aussi repenser le fonctionnement des barrages, qui servent avant tout à produire de l'énergie, afin de les utiliser aussi pour l'irrigation et l'eau potable, plaide-t-il.