Le mois de juin a été le plus chaud jamais mesuré sur Terre, même si une partie de l'Europe, dont la Suisse, a miraculeusement échappé à ces canicules.
Pour rendre les villes plus vivables pendant ces périodes de fortes chaleurs, l'Université de Lyon 3, en collaboration avec le groupe d'ingénierie indépendant Ingérop et la start up City Climate X, a organisé un workshop international au début du mois de juillet sur la surchauffe urbaine et les datas.
Mieux comprendre la surchauffe urbaine
Dans certaines villes comme Doha, la température atteint parfois les 50 degrés. Et si c'est déjà une première donnée, cette dernière est loin d'être suffisante pour comprendre le phénomène de la surchauffe urbaine.
Il y a quelques années, on s'intéressait quasiment uniquement à la température de l'air. Désormais, on s'intéresse de plus en plus aux paramètres climatiques connexes
Les urbanistes et les collectivités publiques l'ont bien compris et la demande pour des données plus précises explose, explique Florent Renard, maître de conférences en aménagement du territoire à l'Université de Lyon 3, mardi dans l'émission Tout un monde de la RTS.
"Il y a quelques années, on s'intéressait quasiment uniquement à la température de l'air. Désormais, on s'intéresse de plus en plus aux paramètres climatiques connexes tels que l'humidité relative ou encore l'ensoleillement direct".
Utilisation de capteurs
Ainsi, la question de la température ne suffit plus pour trouver des solutions adéquates. Ces données sont autant quantitatives que qualitatives, comme le précise Isabelle Alonso, docteur en aménagement du territoire et co-organisatrice du workshop, au micro de la RTS.
"Elles représentent à la fois le monde dans lequel nous vivons, incluant des informations morphologiques, des données satellitaires et des données sur la végétation. Mais aussi des mesures précises obtenues grâce à des capteurs, permettant ainsi de répondre de manière plus efficace et de modéliser avec une grande précision le climat urbain et les problèmes de surchauffe urbaine", explique-t-elle.
>> Lire aussi : Qu'est-ce que ce "dôme de chaleur" qui arrive sur la Suisse?
Bagage climatique différent
Il peut s'agir par exemple de capteurs de température, d'humidité mais aussi de vent: soit tous les paramètres qui rentrent en ligne de compte dans le ressenti de la chaleur pour un citadin, chaque individu vivant avec un bagage climatique différent.
Ces précisions quantitatives et qualitatives portent un nom: l'indice de confort thermique, qui allie température réelle et température ressentie.
Les chercheurs sollicitent également la population pour évaluer ce confort. "On peut embarquer la population via des campagnes de sensibilisation, mais aussi via des campagnes de mesures participatives où on va fournir aux citoyens tout un ensemble de sets, de mesures et de paramètres climatiques", explique Florent Renard.
Lors de ces balades, la population va être amenée à récolter des données et à participer à cette amélioration de la connaissance du confort thermique en milieu urbain.
Un "jumeau numérique"
Ces données vont ensuite aider à déterminer où il est pertinent de végétaliser les toits ou de planter des arbres, l'idée étant aussi de créer un jumeau numérique de la ville, comme l'explique Isabelle Alonso. "C'est la représentation en 3D du territoire la plus réaliste possible".
Les données récoltées sur ce confort thermique incluent également des données plus sociologiques. La métropole de Barcelone a, par exemple, développé un indice de vulnérabilité climatique dans ses quartiers.
Ainsi, selon cet indice, les gens seraient plus vulnérables dans les quartiers où il y a le moins d’espaces verts. Pour atténuer cette vulnérabilité, Barcelone a porté l'idée de créer des refuges climatiques, des abris où les plus vulnérables peuvent se protéger lors des pics de chaleur et où la température ne doit pas dépasser les 27 degrés. En 2023, la métropole en comptait 227.
Manuela Salvi/hkr