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Le réchauffement climatique atteint un "rythme sans précédent"

Après une succession de record de chaleur, l’ONU appelle à la mobilisation des Etats pour réduire leurs émissions de CO2
Après une succession de record de chaleur, l’ONU appelle à la mobilisation des Etats pour réduire leurs émissions de CO2 / 12h45 / 1 min. / le 6 juin 2024
Le réchauffement climatique causé par les activités humaines a atteint un "rythme sans précédent" et la fenêtre pour limiter à 1,5 degré la hausse des températures est déjà presque fermée, mettent en garde des dizaines de chercheurs renommés dans une étude parue mercredi.

"Le réchauffement causé par l'Homme a augmenté à un rythme sans précédent dans les mesures instrumentales, atteignant 0,26 degré en 2014-2023", indiquent les scientifiques. Ce constat, publié dans la revue Earth System Science Data, est le fruit du travail de près d'une soixantaine de chercheurs de renom qui s'appuient sur les méthodes du GIEC, les experts climat mandatés par l'ONU.

L'intérêt de l'étude est de fournir des indicateurs actualisés à partir du rapport de ces derniers, sans attendre le prochain cycle dans plusieurs années.

>> Les précisions de Forum :

Le discours du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sur la situation climatique planétaire
Le discours du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sur la situation climatique planétaire / Forum / 2 min. / le 5 juin 2024

Par rapport à l'ère pré-industrielle, ce réchauffement d'origine humaine a atteint 1,19 degré sur cette décennie, ce qui témoigne d'une nette augmentation par rapport aux chiffres du dernier rapport publié il y a un an (+1,14 degré sur la période 2013-2022).

Pour la seule année 2023, le réchauffement attribuable à l'activité humaine a atteint 1,31 degré. Le réchauffement total observé a lui touché 1,43 degré - car la variabilité naturelle du climat a également joué à commencer par le phénomène El Niño.

>> En lire plus : Phénomène météo accélérateur de catastrophes, El Niño touche à sa fin

Des données annuelles

Les scientifiques entendent fournir des données à jour chaque année, pour nourrir les négociations des COP et le débat politique, alors que la décennie actuelle est jugée décisive pour sauver les objectifs de l'accord de Paris de 2015, qui ambitionne de contenir le réchauffement bien en dessous de 2 degrés et si possible à 1,5 degré.

Cette publication intervient au moment où des représentants du monde entier sont réunis à Bonn pour faire avancer les négociations climatiques avant la COP29 prévue à Bakou en fin d'année.

>> En lire plus : Nouvelles négociations climatiques pour définir les objectifs de la COP29

Le réchauffement est le fruit des émissions de gaz à effet de serre - causées majoritairement par l'utilisation massive des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) - qui se situent à des niveaux record: quelque 53 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an sur 2013-2022. Elles étaient de 55 milliards pour la seule année 2022.

Un autre effet a également joué, soulignent les scientifiques: un moindre refroidissement occasionné par les particules polluantes dans l'air, qui réfléchissent le soleil et permettent la formation de certains nuages.

>> En lire plus : Les idées reçues sur le climat

ats/vajo

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Sonia Seneviratne: contenir le réchauffement climatique est une "décision société" et "des pays", mais "pas impossible"

Les températures fraîches pour la saison qui se sont installées en Suisse ne doivent pas faire oublier le réchauffement climatique. "A l'échelle globale, il a fait très chaud", souligne dans La Matinale de vendredi la climatologue Sonia Seneviratne. Selon elle, lutter contre doit venir d'un changement "d'habitudes", décidé "par les pays".

"Les douze derniers mois" ont été records, signale Sonia Seneviratne. "En moyenne, il faisait clairement beaucoup trop chaud. On a eu des canicules records à de nombreux endroits: par exemple, en Inde, des températures de 52,9 degrés ont été atteintes." En cause, les émissions de gaz à effet de serre d'"origine humaine" (donc issues de la combustion d'énergies fossiles) et, "en partie", le phénomène El Niño, et bientôt La Niña, qui provoque une anomalie supplémentaire, explique-t-elle.

"Ça va être très difficile de contenir la température globale à 1,5 degré", mais "pas impossible", dit la professeure à l'EPFZ. "C'est vraiment une question de décision de société", il faut pour cela "changer de cap" en réduisant "nos émissions de gaz à effet de serre". "Pour cela, il faudrait avoir des décisions beaucoup plus ambitieuses", assure Sonia Seneviratne qui estime, comme Antonio Guterres, que tout se joue avant 2030, même avant. "Il faudrait des actions plus rapides" pour "une diminution progressive" de ces émissions, souligne-t-elle.

>> Ecouter l'interview complète de Sonia Seneviratne dans La Matinale de vendredi :

La climatologue Sonia Seneviratne dans "Le Grand Air". [RTS - Annette Klaiber]RTS - Annette Klaiber
L'invitée de La Matinale - Sonia Seneviratne, climatologue / L'invité-e de La Matinale / 15 min. / le 7 juin 2024