Le "stress thermique extrême" prend en compte l'effet sur le corps humain de la température combinée à d'autres facteurs (humidité, vent, rayonnement), précise le rapport annuel du service changement climatique de Copernicus, réalisé avec l'OMM. Leur rapport s'attarde particulièrement sur l'impact sanitaire des canicules, alors que le réchauffement climatique rend les étés de plus en plus chauds et meurtriers sur le continent européen.
"Nous observons une tendance à la hausse du nombre de jours de stress thermique en Europe et 2023 n'a pas fait exception" avec ce nouveau record, qui n'est toutefois pas quantifié dans le rapport, a déclaré Rebecca Emerton, climatologue à Copernicus.
L'indice, exprimé en équivalence d'une "température ressentie" en degrés Celsius, comprend dix catégories différentes: du stress froid extrême (au-delà de -40) au stress chaud extrême (plus de 46) en passant par l'absence de stress thermique (entre 9 et 26).
Le stress thermique est dangereux
Une exposition prolongée au stress thermique augmente le risque de maladie et est particulièrement dangereuse pour les personnes vulnérables. La surmortalité liée à la chaleur en 2023 n'est pas encore connue, mais le rapport rappelle que des dizaines de milliers de personnes sont mortes en Europe au cours des étés étouffants de 2003, 2010 et 2022.
Le 23 juillet 2023, au plus fort de la canicule, 13% de l'Europe connaissait un degré au moins de stress thermique, du jamais vu. La chaleur extrême a frappé surtout le sud de l'Europe, où la température de l'air a atteint jusqu'à 48,2 degrés en Sicile, soit 0,6 degré de moins que le record continental. Causé par les émissions de gaz à effet de serre de l'activité humaine, le réchauffement climatique augmente l'intensité, la durée et la fréquence des canicules.
Le phénomène est particulièrement visible en Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne de la planète, dont le climat mondial est déjà au moins 1,2 degré plus chaud qu'avant l'ère industrielle.
Mesures "bientôt insuffisantes"
Le réchauffement accru en Europe, associé au vieillissement de la population et à l'augmentation du nombre de citadins, aura de "graves conséquences pour la santé publique", ajoute le rapport. "Les mesures actuelles de lutte contre la canicule seront bientôt insuffisantes" pour y faire face.
Au niveau mondial, 2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, sous l'effet du changement climatique accentué par le retour du phénomène cyclique El Niño. La température des océans, qui absorbent 90% de l'excès de chaleur provoqué par l'humanité, se maintient à des chaleurs inédites depuis un an.
ats/lia
La chaleur excessive provoque 19'000 décès par an
Un nombre "stupéfiant" de travailleurs sont exposés à un cocktail toxique de risques pour la santé liés au changement climatique et ils ne sont pas assez protégés par les réglementations existantes, alerte lundi l'Organisation internationale du travail (OIT), qui publie un rapport intitulé "Assurer la sécurité et la santé au travail à l'heure du changement climatique".
La chaleur excessive est la menace la plus immédiatement perceptible. Selon l'OIT, quasiment 71% de la main-d'oeuvre mondiale ou 2,4 milliards de travailleurs sont susceptibles d'être exposés à une chaleur excessive à un moment ou à un autre de leur travail. L'organisation se base sur des données de 2020.
Près de 23 millions d'accidents du travail attribués à une chaleur excessive sont signalés chaque année, coûtant environ 19'000 vies par an, selon l'OIT.