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Les émissions des usines de téflon doivent mieux être contrôlées

L'usine de Teflon Chemours, mieux connue sous le nom de DuPont, a été à plusieurs reprises au centre de l'actualité en raison du rejet de substances toxiques dans l'air et dans l'eau. Dodrecht, Pays-Bas, le 27 octobre 2021. [AFP - ANP / Hollandse Hoogte / Peter Hilz]
Les émissions des usines de téflon doivent mieux être contrôlées / Le Journal horaire / 35 sec. / le 21 août 2024
Des scientifiques de l'Empa, du Royaume-Uni et des Pays-Bas ont étudié les émissions de HFC-23, un puissant gaz à effet de serre provenant de la production de téflon et de réfrigérants. Leur étude montre que les mesures d'endiguement sont efficaces, mais ne sont pas appliquées partout.

Les hydrofluorocarbures (HFC) sont de puissants gaz à effet de serre. Le plus puissant d'entre eux est le trifluorométhane, également connu sous l'abréviation HFC-23. Un kilogramme de HFC-23 contribue autant à l'effet de serre que 12'000 kilogrammes de CO2. Il faut environ 200 ans pour que ce gaz se décompose dans l'atmosphère.

On sait depuis longtemps que les émissions de ce gaz, issu de la production de téflon et de certains réfrigérants, sont plus élevées dans la réalité que sur le papier, a indiqué mercredi le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa). Les scientifiques ont voulu identifier la raison de cette divergence et ont publié une étude dans la revue Nature.

Protocole de Montréal

Plus de 150 pays se sont engagés dans l'amendement de Kigali au Protocole de Montréal à réduire fortement leurs émissions. Depuis 2020, la règle est la suivante: quiconque produit du téflon doit détruire le HFC-23.

>> Lire : Accord international sur l'élimination des gaz à effet de serre HFC

Selon les rapports des différents pays, c'est ce qui se passe: sur le papier, les émissions globales de HFC-23 ne s'élevaient plus qu'à 2000 tonnes en 2020. Les émissions réelles, déterminées par de nombreuses études, montrent une tout autre image: rien qu'en 2020, environ 16'000 tonnes de ce gaz à effet de serre ont été libérées dans l'atmosphère.

Les scientifiques de l'Empa, de l'Université de Bristol et de l'Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée ont examiné de près les émissions de HFC-23 d'une usine de téflon aux Pays-Bas. Ils ont constaté que même si le dispositif d'élimination du gaz fonctionne bien, les émissions mesurées à 25 kilomètres de là étaient plus élevées que celles rapportées par l'usine.

Vérifier et faire respecter

Les mesures ont été effectuées sur le mât de 213 mètres de la station de mesure de Cabauw gérée par l'Institut météorologique royal néerlandais (KNMI). [ICOS RI - Tom Oudijk, Sander Karsen, Dennis Manda.]
Les mesures ont été effectuées sur le mât de 213 mètres de la station de mesure de Cabauw gérée par l'Institut météorologique royal néerlandais (KNMI). [ICOS RI - Tom Oudijk, Sander Karsen, Dennis Manda.]

Néanmoins, selon Stefan Reimann, chercheur à l'Empa, "si toutes ces usines avaient des émissions similaires, il serait possible d'éviter globalement les émissions de HFC-23, qui correspondent à près de 20% des émissions de CO2 du trafic aérien mondial".

>> Lire : L'objectif zéro net d'émission de CO2 d'ici 2050 atteignable dans le secteur aérien

Pour les autrices et auteurs de l'étude, vu que les mesures d'élimination du gaz fonctionnent, les valeurs élevées mesurées dans l'atmosphère ne peuvent donc s'expliquer que par le fait que les valeurs rapportées par les pays ne correspondent pas partout à la réalité. Les scientifiques appellent donc les pays à faire vérifier leurs usines de téflon de manière indépendante.

La méthode de traçage développée par les scientifiques se prêterait à de tels contrôles indépendants d'usines et de zones industrielles, également pour d'autres gaz.

>> Lire : Définition et typologie des gaz à effet de serre

ats/sjaq

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