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Les Galápagos s’attaquent à la pollution plastique

Les Galapagos s’attaquent à la pollution plastique (image d'illustration). [AFP - Franco Banfi/Biosphoto]
Pollution plastique aux Galapagos / Tout un monde / 4 min. / le 22 avril 2024
Véritable paradis de biodiversité, les Galápagos n'échappent pas à la pollution au plastique. Des habitants de l'archipel équatorien se mobilisent pour nettoyer les plages des détritus, de taille parfois infime, qui refluent depuis l'océan Pacifique.

Un samedi, après un lever à 5 heures du matin et 40 minutes de marche, les adolescents du club d'écologie sont arrivés sur leur terrain d'étude. A Tortuga Bay, plage de sable fin de l'île de Santa Cruz, on croise des iguanes, des bébés requins-marteaux, mais aussi de nombreuses particules de plastiques…

"D'où cela vient-il? ", demande aux jeunes l'animatrice de la fondation Ecos qui accompagne le groupe, Anne.

"Cela vient des marées qui apportent du plastique et ça se dégrade en petites particules que l'on trouve partout sur la plage", lui répond Kamila, 17 ans.

Sable tamisé

Un seau d'eau, un cadre tracé dans le sable, et la collecte commence pour l'adolescente et ses amis. "Ils passent le sable dans les tamis, les trempent dans un seau d'eau et, petit à petit, on voit les résidus de plastique", décrit-elle.

Stockés dans des éprouvettes, les résidus seront ensuite réétudiés. Certains résultats seront transmis à des chercheurs, dans le cadre d'un projet de science citoyenne.

"C'est un travail minutieux"

"Récolter des données nous aide à identifier là où il y a le plus de pollution, les zones les plus affectées. C'est un travail minutieux. Mais cela vaut la peine, car on sait qu'on aide l'environnement et qu'on retire tout ce plastique des océans et des belles plages des Galápagos", souligne Kamila. Après plusieurs mois d'atelier, les jeunes deviennent incollables sur la pollution plastique.

"C'est une problématique qu'ils vont devoir gérer beaucoup plus que nous dans le futur. On veut donc qu'ils en soient très conscients et commencent par se demander ce que, eux, peuvent faire", déclare Maria Luisa, qui coanime l'atelier.

Des nettoyages ont lieu régulièrement sur cette plage très fréquentée grâce au Parc National et à des associations. Environ 16 tonnes de déchets sont ainsi ramassées tous les ans. C'est un travail sans fin, à renouveler à chaque nouvelle marée.

Plusieurs siècles pour se décomposer

À l'autre bout de l'île, sac de jute à la main, les jeunes bénévoles de l'association Frente Insular, comme Roberto, n'ont qu'à se baisser pour ramasser des déchets.

"Sur le registre, on a des objets en plastique, des couvercles, des filets, des bouteilles qui nous viennent des marées", énumère-t-il.

Le temps de décomposition du plastique est très long, souligne Alberto, le fondateur de l'association: "On parle de 300 à 500 ans. Je ne vivrai pas assez longtemps pour vérifier que c'est vrai", lance-t-il.

Des déchets qui voyagent

La provenance de certains déchets intrigue. "Ces bouteilles, par exemple, sont de marques asiatiques", relève-t-il. Les courants marins transportent en effet des déchets depuis les côtes du Pérou, de l'Equateur ou de la Colombie.

Plusieurs études ont également traité la question des détritus asiatiques. "Il y a des flottes de pêche asiatiques, principalement chinoises, qui sont pour ainsi dire des villes flottantes, situées aux abords de la réserve marine des Galápagos", explique Juan Pablo Munoz-Perez, chercheur à l'Université de Quito-Campus Galápagos. "Et évidemment, elles déversent leurs déchets dans la mer. Mais il est important de souligner que cela pourrait être facilement contrôlé."

En plus de la menace extérieure, la gestion des poubelles aux Galápagos est un défi, en raison de la démographie et du tourisme. En effet, 30'000 personnes y vivent, un nombre en hausse, et plus de 300'000 touristes ont visité l'archipel l'an dernier.

Des iguanes sur la plage de Tortuga Bay, sur l'île de Santa Cruz, le 26 juin 2023. [AFP - ERNESTO BENAVIDES]
Des iguanes sur la plage de Tortuga Bay, sur l'île de Santa Cruz, le 26 juin 2023. [AFP - ERNESTO BENAVIDES]

Agir contre la pollution

"Pour mieux prendre en charge ce problème, nous devons mieux gérer nos centres de tri et de gestion des déchets", soutient le scientifique.

L'archipel, dont 97% du territoire est protégé, interdit l'usage de couverts, sacs et pailles en plastique. Mais il faut faire plus, et à l'échelle mondiale, d'après ce chercheur: "Le problème se génère sur la terre. Une fois que les déchets sont en mer, c'est trop tard. Il faut donc prendre le problème à la racine."

Une action nécessaire pour protéger la biodiversité, car les iguanes, les tortues et les otaries, entre autres, se blessent et s'étouffent à cause des résidus plastiques.

Quant aux microplastiques, les effets sont encore mal connus. Une certitude néanmoins: aux Galápagos, des fragments ont déjà été retrouvés dans les estomacs de 52 espèces protégées.

Reportage radio: Juliette Chaignon

Adaptation web: ami

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