A Madagascar, les transformations du paysage causées par des précipitations irrégulières et l'érosion des roches jouent un rôle décisif dans l'apparition et l'évolution de nouvelles espèces, a indiqué jeudi le WSL dans un communiqué.
Près de sa côte est, Madagascar comporte un escarpement montagneux élevé, formé lors de la dislocation du supercontinent de la Pangée: "L'ancien escarpement a été repoussé vers l'intérieur des terres au cours des derniers millions d'années, et les précipitations sur le versant est de l'île ont profondément modifié le paysage", explique Yi Liu, chercheur au WSL et premier auteur de l'étude publiée dans la revue Science.
Au fur et à mesure que l'escarpement s'érode et régresse, de nouveaux réseaux hydrographiques et vallées apparaissent, créant de nouveaux habitats et des barrières topographiques qui divisent les habitats existants. Ce processus continu d'isolement et de reconnexion des habitats accélère l'émergence de nouvelles espèces qui s'adaptent à ces transformations.
Les scientifiques ont élaboré un modèle informatique qui associe des reconstructions du paysage et des habitats des espèces d'il y a 45 millions d'années à nos jours à un vaste jeu de données portant sur quelque 9000 plantes actuellement présentes sur l'île. Les résultats ont mis en évidence un lien direct entre les modifications des habitats et la formation d'espèces endémiques.
Inquiétudes pour l'avenir
Pour les scientifiques, il s'agit désormais de tester les nouvelles découvertes dans d'autres régions où la biodiversité endémique est élevée. C'est déjà le cas dans le cadre d'études menées par la même équipe dans les montagnes de Colombie et du sud-ouest de la Chine.
Concernant Madagascar, les scientifiques disent avoir du soucis pour l'avenir. En effet, la déforestation et le changement climatique mettent en péril cette flore et cette faune uniques: "Nos recherches montrent que l'évolution du paysage a pris des millions d'années pour former de nouveaux habitats et créer ainsi de nouvelles espèces. En quelques décennies, nous allons détruire la biodiversité en modifiant massivement le climat et en détruisant les habitats naturels", conclut Loïc Pellissier, professeur d'évolution des écosystèmes et des paysages au WSL et à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
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ats/sjaq