Ouverture de nouvelles négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique

Une conférence a débuté lundi à Busan en Corée du Sud, pour trouver un accord mondial visant à réduire la pollution plastique
Une conférence a débuté lundi à Busan en Corée du Sud, pour trouver un accord mondial visant à réduire la pollution plastique / 19h30 / 1 min. / le 25 novembre 2024
Le cinquième et dernier cycle des négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique s'est ouvert lundi à Busan, en Corée du Sud, et durera jusqu'à dimanche. Cette réunion a lieu au lendemain de la fin chaotique à Bakou de la COP29 sur le climat dont les résultats ont déçu.

"Cette conférence est bien plus que la rédaction d'un traité international. C'est l'humanité qui se mobilise face à une menace existentielle. Les décisions que nous prendrons dans les sept prochains jours façonneront l'histoire", a déclaré lundi le diplomate équatorien qui préside les débats, Luis Vayas Valdivieso.

Il a rappelé que les 178 pays qui participent aux négociations ont "63 heures de travail" devant eux pour s'entendre sur des questions épineuses telles que le plafonnement de la production de plastique, l'interdiction éventuelle de substances chimiques toxiques ou le financement des mesures.

La pollution plastique est si répandue qu'elle a même été détectée dans les nuages, dans les plus profondes fosses océaniques et dans pratiquement toutes les parties du corps humain y compris le cerveau et le lait maternel.

>> Sur la COP29 à Bakou, lire : Accord à la COP29: soulagement pour les pays riches, profonde déception pour les pays du Sud

Une production qui augmente

Si tout le monde s'accorde pour reconnaître la gravité du problème, les avis divergent sur la façon de le combattre. "Il existe de réelles divergences sur plusieurs éléments-clés", a reconnu Inger Andersen, cheffe du programme de l'ONU pour l'environnement. "Je suis persuadée que nous pouvons y arriver, mais il faudra que tout le monde y mette un peu du sien."

"Nous devons mettre un terme à la pollution plastique avant que la pollution plastique mette un terme à l'humanité", a renchéri le ministre sud-coréen de l'environnement Kim Wan-sup, dont le pays, hôte de la conférence, est le quatrième producteur mondial de plastiques.

En 2019, le monde a fabriqué environ 460 millions de tonnes de plastique, un chiffre qui a doublé depuis 2000, selon l'OCDE. Et la quantité risque encore de doubler d'ici à 2040.

Plus de 90% du plastique n'est jamais recyclé et plus de 20 millions de tonnes finissent chaque année dans la nature, souvent après seulement quelques minutes d'utilisation. Le plastique représente aussi 3% des émissions mondiales de carbone, principalement en raison de sa production à partir de combustibles fossiles.

Deux camps s'opposent

A Busan, deux camps s'opposent. Il y a d'abord la "coalition des hautes ambitions" qui regroupe de nombreux Etats africains, européens et asiatiques. Ces pays veulent un traité couvrant l'ensemble du "cycle de vie" des plastiques, de la production aux déchets.

Dans le camp adverse, d'autres pays, principalement des gros producteurs de pétrole comme la Russie et l'Arabie saoudite, voudraient que le traité ne concerne que la gestion des déchets.

Les querelles ont commencé dès l'ouverture des débats, l'Inde, la Russie et le groupe des pays arabes exigeant que toute décision soit adoptée par consensus et non à la majorité.

Ces mêmes divisions ont paralysé les quatre précédents cycles de négociations, qui ont abouti à un projet de traité de plus de 70 pages totalement abscon et irréalisable, de l'avis général.

Position des Etats-Unis et de la Chine cruciale

Certains observateurs prédisent que les négociations seront prolongées après Busan, surtout après les difficiles conférences des Nations unies sur le climat et la biodiversité ces dernières semaines.

Luis Vayas Valdivieso souhaite qu'un accord soit conclu à tout prix à Busan. Ce qui inquiète certaines ONG qui craignent que les pays ne s'entendent sur un traité timoré, juste histoire de signer quelque chose le 1er décembre.

La position des Etats-Unis, grand producteur de pétrole, et de la Chine, premier producteur mondial de plastique, s'avérera cruciale.

ats/juma

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La cheffe de l'ONU environnement refuse un éventuel "échec" des négociations

Les négociations à Busan ne peuvent pas échouer et doivent inclure des réductions de production et de consommation, a déclaré lundi la cheffe du programme de l'environnement de l'ONU Inger Andersen, qui a fait le déplacement en Corée du Sud.

"Ce n'est pas un traité sur la gestion des déchets" qui est négocié (...) et il est "très clair" que les négociateurs doivent traiter "l'ensemble du cycle de vie des plastiques" depuis la production, a-t-elle affirmé.

"Nous sommes face à une crise du plastique massive" dans le monde, a ajouté la diplomate, qui affirme "ne pas pouvoir concevoir un échec".

"Personne ne veut trouver de plastique dans le placenta" des femmes enceintes "ou dans le sang des bébés" a-t-elle ajouté.

"La vérité est que nous avons un nombre limité d'heures chaque jour pour travailler" a ajouté Inger Andersen. "Nous espérons ne pas avoir à leur demander" de déborder sur le programme prévu, a-t-elle ajouté.

La Suisse, qui consomme de plus en plus de plastique, veut s'engager

En consommant près de 120 kg de plastique par an et par habitant, la Suisse fait pire que ses voisins.

Concernant le futur de ces plastiques, moins de 15% est recyclé ou réutilisé. Le reste est soit incinérée dans les déchèteries — la plus grande part — soit, il termine dans les eaux et les sols.

La plus grande part des déchets qui se retrouvent dans la nature provient de l’abrasion des pneus, le reste est généré lors du lavage des vêtements synthétiques, ou est issu des produits cosmétiques. Environ une centaine de tonnes de micro-plastiques pénètre dans les sols à travers les engrais.

La Suisse, présente dans les négociations en Corée du Sud, souhaite s’engager à ce que toute trace de plastiques dans l’environnement soit éliminée d'ici à 2040, ce qui n'est pas le cas actuellement.

>> Ecouter les précisions dans le 12h30 :

La Suisse a recyclé 9400 tonnes de plastique en 2022. [KEYSTONE - ALEXANDRA WEY]KEYSTONE - ALEXANDRA WEY
La Suisse recycle davantage mais consomme plus de plastique que ses voisins / Le 12h30 / 1 min. / le 25 novembre 2024