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Pourquoi le Léman émet de grosses quantités de gaz carbonique?

Des chercheurs ont découvert pourquoi le lac Léman produit du gaz à effet de serre
Des chercheurs ont découvert pourquoi le lac Léman produit du gaz à effet de serre / 12h45 / 1 min. / le 31 octobre 2024
Au contraire des océans, les lacs sont de gros émetteurs de CO₂. Des scientifiques de Lausanne sont parvenus à expliquer le cycle du carbone complet dans le lac Léman, générant un modèle applicable à d'autres grands lacs dans le monde.

Comme la plupart des lacs, le Léman est un émetteur de gaz à effet de serre, et notamment de CO₂, le dioxyde de carbone: "C'est peu ou prou l'équivalent de ce qui est émis par le transport automobile de la ville de Lausanne sur la même année", note Marie-Elodie Perga, professeure en limnologie à l'Université de Lausanne, dans une vidéo réalisée par l'institution.

Dans le monde scientifique, les théories traditionnelles attribuent les émissions de CO₂ lacustres à l'arrivée massive dans le lac de matière organique provenant des sols environnants.

Cette matière, issue de la décomposition de résidus végétaux et animaux, est drainée dans l’eau par les pluies, puis décomposée une fois dans le lac par les micro-organismes qui y vivent, ce qui génère du CO₂, a indiqué mercredi l'Université de Lausanne (UNIL) dans un communiqué.

Bien qu'elle permette d’expliquer l’activité de certains lacs, cette théorie ne fonctionne pas pour le Léman: il ne reçoit que très peu de matière organique de ses rives. Son bilan sur une période d'un an devrait être neutre, avec une production de CO₂ en hiver (décomposition de matière organique, brassage des eaux), compensée par l'absorption de CO₂ en été (photosynthèse des algues).

>> Ecouter CQFD avec Gaël Many, post doctorant en limnologie à lʹUniversité de Lausanne :

Le laboratoire flottant LéXPLORE sur le lac Léman. [UNIL]UNIL
Pourquoi le Léman émet-il de grosses quantités de CO2? / CQFD / 9 min. / le 31 octobre 2024

Un mécanisme géologique et pas seulement biologique

Une équipe de scientifiques de l'UNIL publie maintenant dans la revue Science Advances les mécanismes en jeu. La majeure partie des émissions provient en réalité de l’érosion naturelle des roches sur le bassin amont du lac.

C'est l'eau de pluie qui, en arrivant sur les roches, libère des ions bicarbonates et calcium, qui se retrouvent ensuite dans le lac. En été, sous l’effet de la chaleur et de la poussée des algues – qui changent le pH de l'eau et jouent le rôle de catalyseur – les ions forment des microparticules de calcaire. Cela s'appelle la précipitation de calcite.

Marie-Elodie Perga, professeure en limnologie (UNIL) effectue des mesures sur la plateforme LéXPLORE. [UNIL]
Marie-Elodie Perga, professeure en limnologie (UNIL) effectue des mesures sur la plateforme LéXPLORE. [UNIL]

Cette réaction chimique libère du CO₂, et donne au lac son aspect bleu-vert laiteux à la saison chaude. Les algues continuent d'absorber du gaz carbonique car présentes en nombre, mais cela ne suffit pas à compenser la production massive issue de l'érosion des roches. Les émissions supplémentaires sont donc le fait d'un processus géologique, et non uniquement biologique comme on le pensait jusqu'ici.

"Nos résultats mettent au jour un processus universel, qui s'applique à plusieurs grands lacs emblématiques dans le monde", explique Marie-Elodie Perga, co-autrice de l'étude, citée dans le communiqué.

L'équipe a utilisé la plateforme scientifique LéXPLORE au large de Pully (VD) pour observer à très fine échelle, modéliser et mettre ces processus en équation, apportant la pièce manquante aux modélisations traditionnelles du cycle du carbone. Ces nouvelles données sont significatives pour contribuer à combattre correctement le réchauffement climatique, conclut l'UNIL.

ats/sjaq

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