Sur son blog, Météosuisse annonce un nouvel "événement de poussières sahariennes" (SDE en anglais, pour "Sahara Dust Event") important entre dimanche et lundi sur la Suisse. Il y a un mois, quelque 180'000 tonnes de poussières avaient déjà envahi la Suisse, une quantité exceptionnelle.
>> Lire : Quelque 180'000 tonnes de poussières du Sahara dans le ciel suisse
Ces derniers mois, le service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS) a observé plusieurs épisodes majeurs de transport de poussières sahariennes au-dessus de l’Atlantique et vers l’Europe continentale.
Une étude d'une équipe de recherche espagnole publiée en août dernier sur la plateforme EGU relève même une forte augmentation des intrusions de poussière saharienne au-dessus de la Méditerranée occidentale et de la zone euro-atlantique depuis 2020. Selon les analyses, certaines d'entre elles "affichaient une durée jamais enregistrée auparavant".
Ces évènements de poussières sahariennes pourraient être favorisés par des sécheresses persistantes sur le Maghreb depuis 2020, mais aussi du fait de situations météorologiques favorables à ce type d’intrusions.
Les "dépressions froides"
Certains facteurs de circulation atmosphérique favorisent en effet les intrusions de poussières hivernales en Méditerranée.
"Les dépressions froides, situées entre l'est subtropical de l'Atlantique Nord et l'ouest de la Méditerranée, ainsi que les systèmes anticycloniques en aval, déclenchent un grand nombre d'épisodes de poussière hivernale", explique Emilio Cuevas, du service météorologique espagnol AEMET, auteur principal de l'étude.
Le transport de poussières sur de longues distances, sur des centaines ou des milliers de kilomètres, se produit souvent à des altitudes relativement élevées et ne présente généralement pas de danger pour la santé.
Mais elles peuvent parfois se déposer au niveau du sol lorsqu'elles sont mélangées à la pluie et peuvent également avoir un impact sur la composition atmosphérique.
Trois types de particules fines
Ces nuages de sable sont en effet composés de trois types de particules fines. "Premièrement, des particules minérales, si petites qu'elles peuvent rentrer dans les voies respiratoires et les endommager", détaille dans le Point J Mario Rohrer, climatologue pour météodat, entreprise spin-off de l’EPFZ.
"Deuxièmement, des particules de pollution provenant des industries nord-africaines." Et troisièmement, des particules organiques qui vivent dans le désert du Sahara, comme des microchampignons. "Ces microorganismes peuvent nous nuire, par exemple provoquer une pneumonie, ou exacerber une infection respiratoire, comme le Covid-19", explique-t-il.
Victorien Kissling