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Quelles sont les conséquences de la canicule marine sur la biodiversité?

La mer Méditerranée bas pour la 2e année consécutive le record de température: interview de Jean-Pierre Gattuso
La mer Méditerranée bas pour la 2e année consécutive le record de température: interview de Jean-Pierre Gattuso / La Matinale / 5 min. / le 20 août 2024
La Méditerranée a connu cet été des températures exceptionnellement élevées, atteignant près de 29 degrés à la surface de l'eau. Des températures records, observées pour la deuxième année consécutive, qui inquiètent les scientifiques et ne sont pas sans conséquence pour la vie marine.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait déjà prévu l'augmentation de la fréquence et de l'intensité de ces événements dans son rapport de 2019.

Les canicules marines entraînent des mortalités massives parmi les plantes et animaux marins, réduisant progressivement la biodiversité, a expliqué Jean-Pierre Gattuso, océanologue et directeur de recherche au CNRS, mardi dans La Matinale. "Bien qu'aucune espèce ne soit actuellement en voie d'extinction, des espèces comme les gorgones, les coraux rouges, les éponges et les oursins voient leur abondance diminuer."

Bien qu'aucune espèce ne soit actuellement en voie d'extinction, des espèces comme les gorgones, les coraux rouges, les éponges et les oursins voient leur abondance diminuer

Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche au CNRS

En outre, la disparition de ces espèces a des effets en cascade sur l'écosystème. Par exemple, les coraux et les gorgones, qui créent des habitats pour d'autres espèces, voient leur rôle d'espèces ingénieures menacé. La perte de ces habitats entraînant des difficultés pour les espèces qui en dépendent, mettant en danger l'équilibre de l'écosystème marin.

>> Pour en savoir plus : La Méditerranée a connu jeudi un nouveau record de température à 28,9 degrés

Opportunités économiques

Le réchauffement des eaux induit également l'apparition d'espèces invasives comme certaines algues toxiques, souligne le spécialiste. On estime qu'il y a entre 1000 à 1200 espèces qui sont entrées en mer Méditerranée à partir de la mer Rouge par le canal de Suez. "La très grande majorité de ces espèces ne posent pas de problème, cela crée même parfois des opportunités économiques, comme en Turquie et au Liban, où les pêcheurs commencent à exploiter ces nouvelles espèces."

La très grande majorité des espèces invasives ne posent pas de problème, cela crée même parfois des opportunités économiques

Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche au CNRS

De même, le lien entre le réchauffement des eaux et la pêche n'est pas entièrement établi. D'autres facteurs, comme la surexploitation et la gouvernance, jouent également un rôle important dans la diminution des prises de pêche. En outre, rappelle Jean-Pierre Gattuso, la prolifération des méduses n'est pas directement liée au réchauffement des eaux, selon les connaissances actuelles.

Un impact sur la météo

Enfin, le réchauffement de la Méditerranée a des effets notables sur la météo. L'évaporation accrue de l'eau de mer augmente l'humidité de l'air, conduisant à des précipitations intenses et brutales lorsqu'il se refroidit en altitude.

Des événements météorologiques, comme la tempête Alex en 2020, ont ainsi causé des dégâts considérables et des pertes humaines, soulignant les impacts dévastateurs du réchauffement climatique sur la région.

Propos recueillis par Valérie Hauert/hkr

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