Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait déjà prévu l'augmentation de la fréquence et de l'intensité de ces événements dans son rapport de 2019.
Les canicules marines entraînent des mortalités massives parmi les plantes et animaux marins, réduisant progressivement la biodiversité, a expliqué Jean-Pierre Gattuso, océanologue et directeur de recherche au CNRS, mardi dans La Matinale. "Bien qu'aucune espèce ne soit actuellement en voie d'extinction, des espèces comme les gorgones, les coraux rouges, les éponges et les oursins voient leur abondance diminuer."
Bien qu'aucune espèce ne soit actuellement en voie d'extinction, des espèces comme les gorgones, les coraux rouges, les éponges et les oursins voient leur abondance diminuer
En outre, la disparition de ces espèces a des effets en cascade sur l'écosystème. Par exemple, les coraux et les gorgones, qui créent des habitats pour d'autres espèces, voient leur rôle d'espèces ingénieures menacé. La perte de ces habitats entraînant des difficultés pour les espèces qui en dépendent, mettant en danger l'équilibre de l'écosystème marin.
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Opportunités économiques
Le réchauffement des eaux induit également l'apparition d'espèces invasives comme certaines algues toxiques, souligne le spécialiste. On estime qu'il y a entre 1000 à 1200 espèces qui sont entrées en mer Méditerranée à partir de la mer Rouge par le canal de Suez. "La très grande majorité de ces espèces ne posent pas de problème, cela crée même parfois des opportunités économiques, comme en Turquie et au Liban, où les pêcheurs commencent à exploiter ces nouvelles espèces."
La très grande majorité des espèces invasives ne posent pas de problème, cela crée même parfois des opportunités économiques
De même, le lien entre le réchauffement des eaux et la pêche n'est pas entièrement établi. D'autres facteurs, comme la surexploitation et la gouvernance, jouent également un rôle important dans la diminution des prises de pêche. En outre, rappelle Jean-Pierre Gattuso, la prolifération des méduses n'est pas directement liée au réchauffement des eaux, selon les connaissances actuelles.
Un impact sur la météo
Enfin, le réchauffement de la Méditerranée a des effets notables sur la météo. L'évaporation accrue de l'eau de mer augmente l'humidité de l'air, conduisant à des précipitations intenses et brutales lorsqu'il se refroidit en altitude.
Des événements météorologiques, comme la tempête Alex en 2020, ont ainsi causé des dégâts considérables et des pertes humaines, soulignant les impacts dévastateurs du réchauffement climatique sur la région.
Propos recueillis par Valérie Hauert/hkr