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Le TFA, un polluant souvent ignoré dans l'eau du robinet 

Les polluants dans l'eau. [Depositphotos - oasisamuel]
TFA: Le polluant éternel dont on commence à beaucoup parler / On en parle / 9 min. / lundi à 08:35
Une enquête participative de la RTS révèle que de l'acide trifluoroacétique, ou TFA, apparaît à large échelle dans l’eau du robinet en Suisse romande. Cette molécule chimique appartient à la famille des PFAS, les "polluants éternels". La Confédération ne s'est pas encore prononcée sur sa dangerosité.

Ce sont les auditeurs et auditrices de la RTS qui ont permis de mettre en évidence la présence de TFA dans l'eau du robinet en Suisse romande.

La molécule apparaît régulièrement sur les documents fournis par les distributeurs d’eau à celles et ceux qui en font la demande. De nombreuses personnes ont transmis ces analyses à la RTS.

Le TFA, qu'est-ce que c'est?

L'acide trifluoroacétique fait partie de la famille élargie des PFAS. Ces molécules synthétiques, souvent appelées "polluants éternels", sont utilisées à large échelle dans l'industrie.

Le TFA, en particulier, entre dans la composition de pesticides. Les produits de réfrigération (climatiseurs, frigos...) libèrent aussi du TFA dans l'environnement.

560 échantillons sur 564

La présence de TFA dans l'eau a beaucoup moins fait parler que celle d'autres molécules, par exemple les produits de dégradation du chlorothalonil. Les distributeurs d'eau ont rarement recherché la molécule ces dernières années.

Le TFA apparaît cependant dans le rapport 2023 des chimistes cantonaux suisses. Sur 564 échantillons, la molécule apparaît 560 fois. Les quantités sont importantes, avec une moyenne de 765 nanogrammes/litre, soit bien davantage que d'autres PFAS plus souvent recherchés.

Les documents fournis à la RTS par les auditeurs et auditrices indiquent des quantités allant jusqu’à 2200 ng/litre. Dans les villes de Lausanne et Genève, les valeurs maximales avoisinent 1000 ng/litre.

Pas de norme

Pour l'heure, la Confédération n'a émis ni norme ni recommandation. L’Office fédéral de la Sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), compétent en la matière, dit être en contact avec l'Union européenne sur le sujet et assure que "selon les connaissances scientifiques actuelles, l'eau potable en Suisse est de bonne qualité et ne présente aucun risque pour la santé".

A défaut d’un cadre légal, les cantons de Vaud et Genève documentent le phénomène. La RTS a en outre appris que les chimistes cantonaux romands avaient interpellé la Confédération, un signe de leur préoccupation.

Dangereux pour la santé?

En Allemagne, une étude a constaté que des lapins en contact avec le TFA connaissaient des difficultés de reproduction. Mais l'impact sur les humains est encore incertain.

C'est davantage par souci de précaution que les autorités suisses et européennes devraient donc émettre des recommandations, probablement d'ici fin 2025.

Interviewée dans l'émission de la RTS On en parle, la juriste Salomé Roynel, active auprès de l’ONG "Pesticide Action Network" à Bruxelles, regrette que le principe de précaution ne l'emporte pas plus souvent au moment de la mise en circulation de molécules comme le TFA, dont elle redoute que "la toxicité ait été sous-estimée".

Un phénomène irréversible

"C’est quelque chose que nous critiquons beaucoup, enchaîne Salomé Roynel. Cela engendre parfois des phénomènes irréversibles. Nous aimerions vraiment que les régulateurs travaillent pour inverser cette tendance."

Un éventuel filtrage de l’eau du robinet est d'autant plus difficile que l'utilisation de charbon actif, efficace avec les résidus d'autres pesticides, ne fonctionne pas avec le TFA. Seule la technique d'osmose inversée, plus onéreuse, permettrait de traiter l’eau.

>> Revoir le sujet du 19h30 sur les PFAS :

Les PFAS, aussi appelés polluants éternels, sont des molécules de synthèse utilisées par l’industrie qui présentent des risques pour la santé humaine
Les PFAS, aussi appelés polluants éternels, sont des molécules de synthèse utilisées par l’industrie qui présentent des risques pour la santé humaine / 19h30 / 2 min. / le 18 avril 2024

Sujet radio: Bastien von Wyss et Mathieu Truffer.

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Enquête participative de la RTS sur la qualité de l’eau du robinet

L'enquête participative de la RTS sur la qualité de l’eau du robinet en Suisse romande continue. N'importe qui peut contribuer.

Comment faire concrètement? Solliciter son distributeur d’eau (souvent sa commune), demander une analyse de l'eau distribuée puis envoyer le document à: onenparle@rts.ch

Une carte qui indique pour quelles communes les informations ne sont pas encore connues et une marche à suivre pour interpeller sa commune figurent sur le site de l'émission On en parle.