Après des fontes record, la banquise de l'Antarctique retrouve un peu de vigueur

Une vue à l'est de l'Antarctique: le Mont Melbourne, le glacier Campbell, la baie Terra Nova et la Mer de Ross, le 16 octobre 2024. [Biosphoto via AFP - Armand Patoir]
Après des fontes record, la banquise de l'Antarctique retrouve un peu de vigueur / Le Journal horaire / 9 sec. / hier à 18:02
La banquise en Antarctique a retrouvé de la vigueur en décembre après une longue période de fonte record, selon des scientifiques des Etats-Unis, qui se demandent désormais si le continent blanc est en train de connaître les changements en profondeur redoutés depuis quelques années.

Tous les ans, la glace de mer fond l'été et se reforme l'hiver, mais pas toujours dans les mêmes proportions.

Le rythme de fonte durant les mois relativement plus chauds de novembre et décembre derniers – correspondant au printemps et à l'été austral – a ralenti bien en dessous des moyennes, a indiqué dans un communiqué le Centre américain de données sur la neige et la glace (NSIDC), référence pour la surveillance satellitaire des pôles.

Cela a fait suite à "une période prolongée" de "records et quasi-records quotidiens" de faible étendue de banquise en 2023 et 2024.

>> Étendue de la glace de mer dans l'Antarctique (zone de l'océan comportant au moins 15% de glace de mer) : Graphique de l'étendue de la glace de mer de l'Antarctique au 6 janvier 2025, ainsi que les données quotidiennes sur l'étendue de la glace pour les quatre années précédentes et l'année record. Les années 2024 à 2025 sont en bleu, 2023 à 2024 en vert, 2022 à 2023 en orange, 2021 à 2022 en brun, 2020 à 2021 en rose, et 2014 à 2015 en brun pointillé. La médiane 1981-2010 est en gris foncé. Les zones grises autour de la ligne médiane indiquent les intervalles interquartiles et interdécile des données. [National Snow and Ice Data Center - Sea Ice Index data]
Graphique de l'étendue de la glace de mer de l'Antarctique au 6 janvier 2025, ainsi que les données quotidiennes sur l'étendue de la glace pour les quatre années précédentes et l'année record. Les années 2024 à 2025 sont en bleu, 2023 à 2024 en vert, 2022 à 2023 en orange, 2021 à 2022 en brun, 2020 à 2021 en rose, et 2014 à 2015 en brun pointillé. La médiane 1981-2010 est en gris foncé. Les zones grises autour de la ligne médiane indiquent les intervalles interquartiles et interdécile des données. [National Snow and Ice Data Center - Sea Ice Index data]

Mais grâce à la résistance retrouvée en fin d'année, 2024 a finalement terminé très proche des niveaux moyens pour les années 1981 à 2010, selon le NSIDC.

"Ceci fournit une illustration éclatante de la forte variabilité de l'étendue de la banquise", souligne-t-il.

>> Etendue de la glace de mer au 31 décembre 2024 : L'étendue de la glace de mer en Antarctique au 31 décembre 2024 était de 7,32 millions de kilomètres carrés. La ligne orangée indique l'étendue moyenne de 1981 à 2010 pour janvier 2025. [National Snow and Ice Data Center - Sea Ice Index data]
L'étendue de la glace de mer en Antarctique au 31 décembre 2024 était de 7,32 millions de kilomètres carrés. La ligne orangée indique l'étendue moyenne de 1981 à 2010. [National Snow and Ice Data Center - Sea Ice Index data]

Un "changement de régime" durable?

Des scientifiques s'inquiètent depuis quelques années d'un possible "changement de régime" durable de la formation de la banquise autour du continent le plus froid: la fonte estivale autour du pôle sud a été très forte de 2016 à 2023, laissant craindre une inédite tendance à la baisse, sous l'effet du changement climatique.

>> Lire : L'Antarctique subit une longue vague de chaleur hivernale

Mais la vigueur retrouvée de la banquise en décembre donne "matière à réflexion", juge le NSIDC – tout en estimant qu'un rebond d'un ou deux mois ne pouvait à lui seul contredire cette hypothèse.

La fonte n'a pas d'impact immédiat sur le niveau de la mer car la banquise se forme par congélation de l'eau salée déjà présente dans l'océan.

Mais l'absence de banquise fait subir l'assaut des vagues aux extrémités de la calotte glaciaire – la gigantesque masse qui recouvre l'Antarctique et contient, elle, assez d'eau douce pour provoquer une élévation catastrophique des océans si elle venait à fondre.

>> Lire : La gigantesque menace du glacier de l'Apocalypse, en Antarctique

Par ailleurs, la banquise, blanche, réfléchit davantage les rayons du soleil que l'océan, plus sombre: sa disparition accentue ainsi le réchauffement climatique puisque moins de rayons sont renvoyés vers l'espace.

sjaq avec les agences

Publié Modifié