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Voilà ce qu'exige la lutte contre le réchauffement, selon des chercheurs

Réduire leurs émissions de gaz à effet de serre: 114 entreprises ont rejoint l’initiative "Science Based Targets". [Spectral-Design]
Pour les chercheurs, l'un des axes serait de diviser par deux les émissions mondiales de CO2 provenant de l'énergie et de l'industrie chaque décennie. - [Spectral-Design]
Un groupe de chercheurs européens a dressé une feuille de route, concrète et datée, des efforts "herculéens" qui devraient être déployés à l'échelle mondiale pour espérer limiter à 2 degrés le réchauffement climatique, comme convenu lors de la COP21 à Paris fin 2015.

Cette suggestion de plan d'action anti-réchauffement a été publiée vendredi dans la revue scientifique Science et relayée par le site américain Vox. Le document détaille concrètement le type et l'ampleur des actions qui devraient être mises en oeuvre, et à quelle échéance, pour que les engagements pris lors de la COP21 aient une chance d'être tenus.

Le moins que l'on puisse dire, souligne Vox, c'est que ce calendrier est "incroyablement ambitieux", peut-être tout simplement "intenable".

Les chercheurs définissent trois grands axes pour atteindre les objectifs climatiques de Paris, sans le concours de la géo-ingénierie (c'est à dire les techniques, controversées, qui visent à modifier à grande échelle le système climatique afin de refroidir la planète).

Emissions divisées par deux chaque décennie

Premièrement, les émissions mondiales de CO2 provenant de l'énergie et de l'industrie devraient être divisées par deux chaque décennie.

Deuxièmement, les émissions nettes provenant de l'utilisation des terres (agriculture et déboisement), devraient être réduites à néant d'ici à 2050. Et ce, parallèlement à l'accroissement de la population mondiale.

Troisièmement, les technologies visant à capturer le dioxyde de carbone dans l'atmosphère devraient se développer rapidement, pour être en capacité d'évacuer artificiellement de l'atmosphère 5 gigatonnes de CO2 par an d'ici à 2050.

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Des objectifs précis pour chaque décennie

Dans le détail, et sur la base des recherches actuelles, le groupe de scientifiques suggère des actions que le monde devrait mettre en oeuvre lors de chaque décennie. Selon eux:

Entre 2017 et 2020, tous les pays devraient poser les bases politiques nécessaires à la lutte contre le réchauffement, notamment en cessant d'investir dans les énergies fossiles et en prenant des mesures incitatives pour favoriser les énergies propres.

Entre 2020 et 2030, les prix du carbone devraient augmenter. Le charbon devrait être totalement éliminé dans les pays riches à la fin de la décennie et diminuer fortement ailleurs. Les transports devraient être majoritairement électriques, et les dépenses de recherche sur les énergies propres augmenter considérablement. Le développement de techniques pour capturer le CO2 dans l'air devrait commencer.

Entre 2030 et 2040, le monde devrait bénéficier d'importants progrès technologiques en matière d'énergies propres. Dans les pays les plus avancés, les transports, le chauffage, la construction et l'industrie devraient être presque entièrement neutres en carbone. Le monde devrait être capable de capturer 1 à 2 gigatonnes de CO2 dans l'atmosphère tous les ans.

Entre 2040 et 2050, les grands pays européens devraient être quasiment neutres en carbone et le reste du monde tendre vers cet objectif d'ici la fin de la décennie. Enfin, d'ici 2050, plus de 5 gigatonnes de CO2 devraient être aspirées hors de de l'atmosphère chaque année.

"Prophétie auto-réalisatrice"?

Cette feuille de route paraît intenable, et les scientifiques à l'origine du document en sont conscients. Ils ne prétendent pas non plus qu'il s'agit là de la seule voie possible. Mais, soulignent-ils, c'est globalement ce à quoi les gouvernements du monde entier se sont implicitement engagés quand ils ont signé l'accord de Paris.

"Nous voulions montrer ce que la réalisation des objectifs de Paris exige (...) en termes d'actes concrets", a expliqué l'un des auteurs du document, Johan Rockström, à Vox.

Le scientifique ajoute que la difficulté et l'ampleur de la tâche ne signifie pas nécessairement que la situation soit désespérée. "Cela pourrait aussi devenir une prophétie auto-réalisatrice": "si les pays commencent à prendre ces objectifs au sérieux, ils pourraient ensuite mettre en oeuvre les innovations nécessaires pour qu'ils se réalisent", estime-t-il.