Depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a jugé le glyphosate "probablement cancérogène", Monsantoa exercé des pressions sur l'organisme avec une "brutalité inouïe", relate Le Monde jeudi.
Sur la foi de documents internes, le quotidien français raconte comment Monsanto a méthodiquement entrepris de jeter le doute sur le travail des experts, à coup de déclarations hostiles et d'intimidation sur les chercheurs.
"Instiller anxiété et appréhension"
L'article révèle notamment un échange de courriers entre les avocats de la firme américaine et l'un des scientifiques membres du groupe d'experts du CIRC qui juge leur démarche "intimidante" et estime qu'elle "cherche à instiller (...) anxiété et appréhension".
Lettre de Hollingsworth à Consolato Maria Sergi by LeMonde.fr on Scribd
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L'enquête montre aussi que Monsanto procède à un lobbyisme intense sur internet et au Congrès, mettant en doute la qualité du travail de l'institution. Des propos qui trouveraient encore davantage d'écho depuis l'élection de Donald Trump.
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Les conclusions du CIRC représentent des centaines de milliards de dollars pour Monsanto
Le 20 mars 2015, le CIRC annonce les conclusions de sa "monographie 112". Au contraire de la majorité des agences réglementaires, le CIRC juge le glyphosate génotoxique, cancérogène pour l’animal et "cancérogène probable" pour l’homme. Le glyphosate, est le pesticide le plus utilisé de la planète et le principal composant du Roundup, produit-phare de Monsanto.
Des mesures de restriction ou d’interdiction du produit, menace la survie même de l'entreprise, qui a fait du glyphosate la clef de voûte de son modèle économique, puisqu'elle vend non seulement le Roundup, mais aussi les semences qui le supportent.
Entre 1974, date de sa mise sur le marché, et 2014, son usage est passé de 3200 tonnes par an à 825'000 tonnes. Le glyphosate entre dans la composition de quelque 750 produits commercialisés par une centaine de sociétés dans plus de 130 pays.