Des Antilles à la Floride, Irma a semé depuis une semaine la dévastation, faisant près de 40 morts et des dégâts pour plusieurs dizaines de milliards de dollars. Avec son intensité - 33 heures en catégorie "extrêmement dangereux" - et ses rafales jusqu'à 363 km/h, certains le qualifient d'ouragan le plus puissant depuis le début des mesures.
Comment Irma est-il devenu l'ouragan de tous les superlatifs? Après sa formation au niveau des îles du Cap Vert, "il a acquis une puissance assez tôt dans sa trajectoire", a expliqué dans Tout un Monde Frank Roux, spécialiste des cyclones à l'Université Toulouse-3. "Ensuite, au cours de sa traversée de l'Atlantique, il a rencontré des eaux de surface plus chaudes que la normale et des conditions atmosphériques particulièrement favorables au développement cyclonique."
Eaux de surface et humidité
Ces conditions sont notamment des vents modérés et une humidité marquée. C'est là que le réchauffement climatique influence les ouragans, puisqu'il augmente la température des eaux et renforce l'évaporation, d'où les ouragans tirent leur énergie.
Les cartes de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) montrent la différence de températures à la surface des océans par rapport à la moyenne à long terme. Dans les eaux de l'Atlantique où se forment la plupart des ouragans, au large de l'Afrique de l'Ouest, le réchauffement est particulièrement marqué à la saison des tempêtes tropicales, entre juin et novembre.
Les eaux de l'Atlantique ne sont pas les seules à se réchauffer. Les océans Pacifique et Indien, où naissent aussi des cyclones, ont affiché ces dernières années des températures plus élevées que la moyenne.
Sur l'ensemble de la Terre, la puissance des ouragans devrait donc s'intensifier à force que la planète se réchauffe: davantage de chaleur et d'humidité amplifient les vents et précipitations.
Davantage d'ouragans à l'avenir?
Si les scientifiques s'accordent sur la question du renforcement de la puissance des cyclones, celle de leur fréquence reste débattue.
Philippe Caroff, responsable des prévisions cycloniques à Météo France, a rappelé à la RTS qu'un cyclone dépend de la température des eaux, mais aussi de la température de la haute atmosphère. Plus la différence est grande, plus les conditions sont favorables aux cyclones. Mais comme l'atmosphère se réchauffe aussi, la différence n'est pas forcément plus élevée qu'avant. "On n'a pas observé de tendance avérée en terme de fréquence, il y a de grandes différences d'une année à l'autre", selon Philippe Caroff.
L'année 2017 compte déjà un nombre important d'ouragans dans le bassin Atlantique Nord, sans toutefois atteindre des sommets pour l'instant. Suivie de Jose et Katia, Irma est la 11e tempête tropicale de la saison.
Valentin Tombez
Trois noms pour un phénomène
Cyclones, ouragans et typhons désignent le même phénomène. Le nom dépend de la région où il se produit. On parle de cyclones dans l'océan Indien et le Pacifique Sud, d'ouragans dans l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est et de typhons dans le Pacifique Nord-Ouest.
Alors qu'actuellement la saison des ouragans bat son plein dans l'Atlantique Nord, tous ces phénomènes n'apparaissent pas en même temps. Ils dépendent notamment de la température des eaux à la surface, qui varie selon les saisons.
>> La température des eaux à la surface: