Quand on parle pollution ou impact environnemental, on pense spontanément au plastique, au pétrole ou aux engrais et pesticides, mais pas à internet et aux grands groupes technologiques. C'est une approche que veulent changer Tilman Santarius et Steffen Lange, auteurs de "Smarte, Grüne Welt?" (Un monde intelligent et vert?), publié il y a quelques jours et dans lequel les deux chercheurs se demandent si la société numérique est vraiment, comme on le pense souvent, plus propre.
Pour Solange Ghernaouti, professeure à l’Université de Lausanne, les grands groupes technologiques passent jusqu'ici largement au travers de la responsabilisation en la matière, qui progresse dans d'autres secteurs. Mais les consommateurs eux aussi sont encore inconscients de la problématique. "On n'a pas du tout la notion de l'empreinte numérique que nous laissons avec nos données, quand on navigue, quand on consomme sur internet", relève-t-elle.
La question des matières premières
Cette spécialiste du numérique souligne également les conséquences de l'utilisation des terres rares, des matériaux pour la fabrication des appareils, "qui posent déjà un problème de durabilité dans le temps".
Et cette consommation énergétique est difficilement chiffrable et analysable, souligne-t-elle. "Ce sont aussi toutes les plateformes comme Amazon, Google ou autres qui nécessitent du refroidissement pour climatiser cet environnement, et cette consommation est énorme."
Or, cette analyse-là est très peu mise en évidence, relève Solange Ghernaouti. "Et qui en paie le coût? C'est la société tout entière."
Katja Schaer/oang