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Le marché du cannabis légal connaît un boom chez les seniors

Le marché du cannabis légal est en plein boom en Suisse. La surproduction a fait chuter les prix, mais le marché est solide.
Le marché du cannabis légal est en plein boom en Suisse. La surproduction a fait chuter les prix, mais le marché est solide. / 19h30 / 3 min. / le 16 janvier 2019
Malgré la surproduction, le marché du cannabis légal reste porteur, notamment chez les personnes âgées. Les consommateurs au-delà de 60 ans représentent plus de la moitié de la clientèle dans certaines boutiques spécialisées.

Légal s'il contient moins d’un pourcent de THC, le cannabis a conquis le marché suisse dans ses variétés riches en cannabidiol: le CBD. Le nombre de producteurs est passé de cinq en 2017 à près de 670. Une ruée vers l'or vert qui a entraîné surproduction et chute des prix. Le kilo de CBD se négocie aujourd'hui autour de 1500 francs le kilo, contre près de 6000 en 2017. Il est recherché pour ses vertus calmantes et anti-douleurs exemptes d’effets psychotropes.

Beaucoup de producteurs restent avec leur cannabis sur les bras et "beaucoup vont disparaître", estime Cédric Jacquemoud, co-fondateur de Kahna Queen, qui exploite deux boutiques de CBD à Genève. "Presque tous les jours, on vient nous proposer de la marchandise", explique-t-il.

Gros producteur de CBD dans sa plantation indoor en Argovie, la marque Diwan alimente le marché suisse mais vend aujourd'hui sa production "quasi exclusivement à des grossistes exportant vers l’Europe", explique son co-fondateur Luca Fantauzzi. "La vente est légale si le taux de THC est réduit par traitements à 0,2%", poursuit son collègue Anthony Gorski.

Des clients "entre 60 et 90 ans"

Même saturé d’offre, le marché suisse n’en reste pas moins porteur. "Il est en encore en développement", selon Cédric Jacquemoud, notamment auprès des personnes âgées. Chez Kahna Queen, 60% des clients sont des seniors, "âgés entre 60 et 90 ans", estime Vincent Ferrazzini. Les deux patrons expliquent que le contact et les conseils prodigués en boutique permettent de casser l’image "junkie" du cannabis, en expliquant les vertus non psychotropes du produit et en orientant les clients sur les produits dérivés.

L'usage médical du CBD, c'est ce que promeut Swiss Weed dans sa boutique de Vernier (GE), où seul un tiers des ventes consiste en CBD à fumer. "Le reste, ce sont des produits dérivés, huiles, pâtes, tisanes, baumes", explique Nicolas Herrmann, thérapeute. Les personnes âgées ou malades y trouvent des effets bénéfiques et peuvent parfois, avec l’accord de leurs médecins, remplacer ou diminuer certaines prises de médicaments, comme "des opiacées, des somnifères voire des anti-dépresseurs". D’où l’importance de la qualité des produits, notamment une teneur garantie en CBD.

Vers une législation assouplie?

Une quinzaine de boutiques spécialisées sont ouvertes aujourd'hui en Suisse romande. Au sein de la branche, beaucoup estiment que la démocratisation du CBD augure d’un assouplissement inéluctable de la législation sur le cannabis psychotrope, dit récréatif. D’autant que le THC est de plus en plus reconnu lui aussi pour ses vertus médicales. Occuper solidement la filière du CBD, c’est donc aussi se positionner sur un marché potentiel estimé en Suisse à 1 milliard de francs. "On a le savoir-faire, on a l’outil de production donc au final on est prêt pour cette légalisation qui prendra sans doute des années. Mais je pense qu'on s’en rapproche gentiment", conclut Luca Fantauzzi.

Pascal Jeannerat

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Stabilisation du marché attendue

Le marché du cannabis légal et dûment soumis à la taxe sur le tabac (25%) représente environ 60 millions de francs. L'Administration fédérale des douanes s’attend à une stabilisation des recettes qu'elle tire du CBD autour de 15 millions de francs. Les ventes échappant à la taxe devraient être limitées par l’introduction du numéro de revers obligatoire sur tous les emballages.

Des abus avaient été observés au début du boom du CBD, notamment par des buralistes alléchés par les marges offertes mais parfois déçus par les faibles volumes de vente.