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La commission d'éthique médicale se positionne sur les avortements tardifs

La Suisse a l'un des taux d'avortement les bas au monde et les interruptions de grossesse à un stade avancé sont rares. [Keystone - Christian Beutler]
La Commission nationale d'éthique prône une uniformisation de l'avortement tardif / Le 12h30 / 2 min. / le 1 mars 2019
Dans un avis rendu jeudi, la commission d'éthique médicale émet une série de recommandations à l'adresse du corps médical concernant les avortements à un stade avancé de la grossesse. Elle plaide pour une uniformisation des pratiques.

Les interruptions de grossesse pratiquées à un stade avancé -à partir de la 17e semaine de grossesse- sont très rares en Suisse, a relevé jeudi la Commission nationale d'éthique dans le domaine de la médecine humaine (CNE) dans sa prise de position.

Ces quelque 150 cas annuels représentent 1,4% du total des avortements recensés chaque année et sont, pour l’essentiel, pratiqués dans les grands centres hospitaliers du pays.

Pour rappel, en Suisse, une femme peut librement décider d’interrompre sa grossesse jusqu’à la 12e semaine. L’avortement à un stade plus avancé n'est pas punissable si un avis médical démontre qu'il est nécessaire pour écarter le risque d'une atteinte grave à l'intégrité physique, ou en cas de "détresse profonde". Plus la grossesse est avancée, plus le danger doit être élevé.

De telles situations sont particulièrement éprouvantes pour les personnes concernées et "soulèvent un ensemble de questions médicales, juridiques et éthiques qui n’ont jusqu’à présent guère été abordées", pointe la commission, qui déplore que les réponses apportées à ces défis diffèrent considérablement, selon les hôpitaux.

Le cancer chez la femme enceinte

Les recommandations édictées par la CNE concernent notamment la prise en charge des familles ou les méthodes utilisées pour l'avortement.

Se pose en premier lieu la question de l'information aux parents. Les interruptions de grossesse tardives sont généralement liées à un grave problème de santé chez l'enfant ou chez la mère. Toutes les options doivent donc être présentées.

Samia Hurst, membre de la Commission nationale d'éthique, cite l'exemple d'un cancer qui se déclare chez une femme dont la grossesse est déjà à un stade avancé.

"Le choix va être de pratiquer un traitement immédiat, ce qui améliore le pronostic de la femme enceinte mais peut être incompatible avec la poursuite de la grossesse, ou alors de reporter le traitement oncologique avec à la clé une aggravation du pronostic maternel", explique la spécialiste.

La notion de "détresse profonde" est elle aussi délicate. Elle peut s'appliquer aux cas de grossesses non désirées consécutives à un viol, par exemple.

25 enfants par an naissent vivants

Ces situations déjà difficiles sont d'autant plus délicates lorsqu'un enfant manifeste des signes de vie à la naissance après une interruption de grossesse. L'avis de la commission d'éthique aborde aussi ce cas de figure qui se produit environ 25 fois par an dans les services de néonatalogie.

"La naissance marque vraiment un tournant légal en conférant à l'enfant la personnalité juridique", explique Samia Hurst. "Lorsqu'un enfant manifeste des signes de vie après une interruption de grossesse, les médecins sont tenus de protéger sa vie".

La spécialiste ajoute: "évidemment, il y a également des cas de figure où l'enfant n'est pas viable mais va manifester des signes de vie qui peuvent durer quelques minutes à quelques heures. Une prise en charge palliative va alors être introduite."

Dans ces situations douloureuses, un processus de deuil doit se mettre en place et les familles doivent être accompagnées avant, pendant et après l'interruption de grossesse.

C'est pourquoi la Commission nationale d'éthique prône un partage des expériences entre les différents établissements de santé et milite, au nom de l'égalité de traitement, pour que l'accessibilité et la qualité des soins soient identiques.

Sujet radio: Sarah Clément

Adaptation web: Pauline Turuban

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