Dix ans après la confirmation du premier cas de rémission chez un patient séropositif qui s'était débarrassé de cette maladie, ce deuxième cas - surnommé "le patient de Londres" - n'a montré aucun signe d'atteinte du virus depuis près de 19 mois alors qu'il a cessé son traitement. L'équipe de chercheurs, qui le révèle mardi dans la revue Nature, le considère comme probablement guéri même s'il est encore trop tôt pour l'affirmer.
Chacun des deux patients a subi des greffes de moelle osseuse pour traiter un cancer du sang, et a reçu ainsi des cellules souches de donneurs porteurs d'une mutation génétique rare qui empêche le VIH de s'implanter.
Pas un traitement viable pour la majorité des malades
"Après 10 ans d'incapacité à reproduire (le premier cas), les gens se demandaient s'il s'agissait d'un coup de chance", estime l'auteur principal de l'étude, Ravindra Gupta, professeur à l'Université de Cambridge. "Il est important de réaffirmer que c'est réel et que cela peut être fait", dit-il, tout en soulignant que la greffe de moelle osseuse - procédure dangereuse et douloureuse - n'est pas une option viable pour obtenir la guérison de la majorité des malades.
Mais ce deuxième cas de rémission et de guérison probable aidera les scientifiques à réduire l'éventail des stratégies de traitement. La Société internationale de lutte contre le sida a salué ainsi "un moment-clé dans la recherche pour un remède au VIH".
Un deuxième cas "qui ouvre une piste"
"C'est toujours encourageant d'avoir des nouvelles comme ça", se réjouit pour sa part Alexandra Calmy, médecin responsable de l’unité VIH/Sida des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), dans l'émission Forum. "C'est potentiellement important, mais c'est encore difficile de dire à quel point ça va vraiment changer les choses dans les dix prochaines années (...) Ce n'est pas quelque chose que l'on peut répliquer à large échelle, à 37 millions de personnes qui sont porteuses du VIH. Mais ça ouvre une piste."
Des millions de personnes infectées par le VIH à travers le monde contrôlent cette maladie à l'aide d'un traitement par antirétroviraux (ARV), mais cette thérapie ne les débarrasse pas du virus et doit être prise toute la vie.
afp/oang