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Il y a 50 ans s'effectuait la première greffe du cœur en Suisse

Le chirurgien René Prêtre dans son bureau du CHUV en 2013. [Keystone - Gaëtan Bally]
La première transplantation cardiaque en Suisse date d'il y a 50 ans: interview de René Prêtre / Forum / 9 min. / le 14 avril 2019
Il y a 50 ans jour pour jour, l'hôpital universitaire de Zurich effectuait la première transplantation cardiaque en Suisse. Malgré les progrès dans ce domaine, ce type d'opération reste très compliqué, explique le chirurgien René Prêtre dans l'émission Forum.

Le 14 avril 1969, l'équipe du Suédois Åke Senning réalisait la première greffe du cœur en Suisse. Cette opération intervenait deux ans après la première transplantation cardiaque au niveau mondial, effectuée en Afrique du Sud par le docteur Christian Barnard.

Pour René Prêtre, si l'on accorde autant d'importance aux transplantations cardiaques, c'est que le cœur comporte une dimension symbolique que n'ont pas les autres organes.

"Il représente la vie, l'amour, les sentiments... Au XIXe siècle, on disait même qu'il ne devait pas être touché par les médecins, au risque de faire une profanation. Lorsque vous transplantez un cœur, vous transplantez plus qu'un organe, vous greffez la vie", rapporte le chef du service de chirurgie cardiaque au Centre hospitalier universitaire vaudois, à Lausanne.

Faire accepter un corps étranger par l'organisme

Le chirurgien rappelle que les premières interventions n'ont pas bien fonctionné, avec des greffes ne tenant que quelques jours. "Le 90% des gens mourraient à l'hôpital."

Au-delà de l'aspect technique, la principale difficulté d'une telle opération est de faire en sorte que le corps étranger soit accepté par l'organisme: "Il faut moduler l'immunosuppression, c'est-à-dire le système de défense de l'organisme contre les bactéries. Pour que ce nouvel organe soit accepté, le système immunitaire ne doit pas être trop fort. Il faut donc chercher la marge de manœuvre permettant au corps de continuer à se défendre contre les agresseurs, sans attaquer l'organe qui a été transplanté."

La découverte dans les années 1980 de la ciclosporine – un médicament prévenant des rejets de greffes – a représenté un grand tournant pour les transplantations. "On a remarqué qu'elle permettait de moduler l'immunosuppression. On l'a donc d'abord utilisée sur les reins, puis le foie... Cela a conduit, dès 1985, à une nouvelle lancée dans toutes les transplantations."

>> Retour sur cette avancée historique dans le 12h45 :

Transplantation cardiaque: la première suisse fut un échec, il y a 50 ans.
Transplantation cardiaque: la première suisse fut un échec, il y a 50 ans. / 12h45 / 2 min. / le 15 avril 2019

La greffe du cœur est redevenue compliquée

Le spécialiste note que, malgré les progrès de la médecine, les transplantations cardiaques restent compliquées aujourd'hui: "En raison des attentes parfois très longues pour les interventions, un tiers, voire une moitié de nos patients, sont obligés d'être soutenus par des cœurs artificiels. Ce sont des machines qui font simplement circuler le sang, en attendant un bon matching. Donc lorsque vous opérez, elles sont anticoagulées et il y a beaucoup d'adhérence. Avec ces coeurs artificiels, la transplantation cardiaque est redevenue compliquée à réaliser techniquement."

Questionné sur le nombre d'années durant lesquelles un patient peut vivre avec un nouveau cœur, René Prêtre répond: "Vingt ans est un bon chiffre. Mais cela dépend de beaucoup de facteurs. J'ai vu récemment, dans un rapport, qu'un patient avait été transplanté il y a 33 ans."

Propos recueillis par Mehmet Gultas

Traitement web: Mathieu Henderson

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René Prêtre pour une initiative en faveur d'une augmentation de donneurs

Il y a trois semaines, l'initiative populaire intitulée "Pour sauver des vies en favorisant le don d'organes" a été déposée. Celle-ci vise à augmenter le nombre de donneurs en introduisant le consentement présumé.

René Prêtre se dit favorable à une telle mesure. "Ce n'est pas le seul moyen, mais il est important. Aujourd'hui, le bénéfice du doute profite au "non". Il suffit qu'une personne dans la famille émette un doute sur la volonté du défunt à faire don de ses organes pour que l'on préfère refuser."