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"En Suisse, il y a un décalage avec la France concernant l'arrêt des soins"

AFFAIRE VINCENT LAMBERT
AFFAIRE VINCENT LAMBERT / L'actu en vidéo / 1 min. / le 26 mai 2019
Plongé dans un état végétatif depuis onze ans, Vincent Lambert suscite un vif débat en France sur la question du droit à la mort. En Suisse, l'approche concernant ce genre de situation n'est pas la même, selon le médecin Bertrand Kiefer.

"Il y a un certain décalage par rapport à la France. Ici, l'idée n'est pas de savoir ce que pense la famille du patient, mais ce que lui aurait pensé. D'où l'importance d'exprimer nos souhaits dans ce genre de cas", explique dimanche le rédacteur en chef de la Revue médicale suisse dans le 19h30.

Depuis le grave accident de voiture de Vincent Lambert en 2008, sa famille se déchire. D’un côté, sa femme, et plusieurs de ses frères et sœurs, plaident pour arrêter les traitements. De l’autre, ses parents s’opposent à ce qu’ils considèrent comme une euthanasie. Lundi, la cour d'appel de Paris a ordonné le rétablissement des traitements visant à maintenir en vie l'homme de 42 ans. Les soins venaient d'être arrêtés.

>> Lire également : La cour d'appel de Paris ordonne la reprise des soins de Vincent Lambert

Directives anticipées

Pour Bertrand Kiefer, le recours aux directives anticipées, qui existent en France comme en Suisse, est primordial. "On peut choisir un représentant thérapeutique et il nous représentera si nous nous retrouvons dans une telle situation. Il faut avoir une discussion avec lui pour qu'il comprenne notre philosophie", assure celui qui a été prêtre par le passé.

"C'est beaucoup plus sain et ça évite ces hystéries qui partent autour d'un cas et qui ne pourront de toute façon jamais être résolues par le droit. Comment le droit peut-il entrer dans le détail de la complexité d'une affaire comme celle-là?"

"Agir humainement"

L'ancien membre de la Commission nationale d’éthique affirme que plusieurs cas similaires existent en Suisse et dans d'autres pays. Ils ne sont simplement pas médiatisés, car ils sont mieux gérés par les familles et les équipes soignantes.

"Tout d'un coup, cette affaire sort, mais au quotidien des décisions sont prises dans ces cas extrêmes de la vie. Ce sont toujours des discussions, des partages, des pondérations d'avis et de valeurs qui vont aider à prendre la décision. Il ne faut pas imaginer qu'elle pourra descendre d'une loi ou d'une directive éthique. C'est beaucoup plus complexe que cela, beaucoup plus incertain. Il faut admettre cette incertitude et agir au mieux humainement face à d'autres êtres humains", estime Bertrand Kiefer.

>> Voir l'interview intégrale du 19h30 :

Bertrand Kiefer: "Un cas précis nous est mis devant les yeux et on est sommés de se situer face à lui."
Bertrand Kiefer: "Un cas précis nous est mis devant les yeux et on est sommés de se situer face à lui." / 19h30 / 5 min. / le 26 mai 2019

>> Ecouter également l'interview de la bioéthicienne Samia Hurst dans Forum :

Samia Hurst, bioéthicienne et médecin, consultante du Conseil d’éthique clinique des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), responsable de l’Unité d’éthique clinique du CHUV, et directrice de l’Institut Ethique, Histoire, Humanités (IEH2) à la Faculté de médecine de Genève. [DR]DR
Arrêt des soins pour Vincent Lambert, et s'il était Suisse? Interview de Samia Hurst / Forum / 4 min. / le 20 mai 2019

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Guillaume Martinez

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Des frontières floues

Le cas de Vincent Lambert soulève de nombreuses questions sur les frontières entre la vie et la mort. "Dans l'époque où l'on vit, la médecine crée ces cas-là et les complexifie. Qu'est-ce qu'un être qui n'a plus sa conscience, mais qui reste éveillé? C'est quoi? C'est qui? Il y a des flous, des zones indéterminées", admet Bertrand Kiefer.

"Quelqu'un comme Vincent Lambert n'a plus de relation. Il bouge la tête, il peut pleurer, il a une espèce d'éveil, mais il ne réagit pas. Si on entre en relation avec lui, on ne voit rien dans son cerveau qui réagit", explique le médecin suisse.