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Une mousse au curcuma pour guérir les plaies et améliorer les cicatrices

Un rhizome de curcuma longa, en tranches et en poudre. [CC/Wikimedia - Simon A. Eugster]
Une mousse au curcuma pour guérir les plaies et améliorer les cicatrices / Le Journal horaire / 28 sec. / le 15 août 2019
Une équipe de recherche du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) a mis au point une mousse qui accélère la guérison des plaies et prévient la formation de vilaines cicatrices. L'un des principaux ingrédients de cette mousse est un gingembre jaune, le curcuma.

Les plaies qui peinent à se fermer et les vilaines cicatrices présentent plus qu'un problème cosmétique. Elles sont souvent handicapantes, car elles peuvent limiter la mobilité et compromettre la santé des gens, explique jeudi le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA).

Le processus de guérison des plaies est encore mal compris bien que des millions de personnes soient quotidiennement concernés par ce problème. C'est pourquoi les scientifiques de l'Empa ont développé une mousse à déposer dans les plaies cutanées et qui assiste le processus naturel de guérison.

Nouvelle approche

Dans le cadre du projet "Scaravoid", Markus Rottmar et son équipe du laboratoire Biointerfaces de l'EMPA ont adopté une nouvelle approche du problème. "Les traitements traditionnels ciblent certains facteurs isolés du processus de guérison tels que l'apport d'oxygène ou le maintien de l'humidité, ce qui ne provoque qu'une réaction insuffisante", explique Markus Rottmar.

Le corps doit orchestrer toute une série de facteurs pour refermer une plaie et y substituer un tissu sain. Les cellules doivent être incitées à provoquer l'inflammation contrôlée qui nettoie la plaie. Pour refermer la plaie, il faut ensuite qu'un nouveau tissu se développe et forme de la peau fonctionnelle.

Un dysfonctionnement ponctuel peut toutefois dérégler le processus. Par excès, il provoque la formation de vilaines cicatrices. Par défaut, il ne permet pas la fermeture de la plaie. Le risque est plus élevé chez les personnes âgées ou diabétiques.

Structure polymérique biologique

L'équipe de l'EMPA se sert d'une structure polymérique biologique qui cible plusieurs mécanismes de guérison. Le polymère est d'abord monté en mousse avec du dioxyde de carbone (CO2) dans un réacteur à haute pression. La taille des pores est réglée en ajustant la température et la pression.

La mousse (à droite) peut être placée dans une plaie cutanée et optimiser le processus naturel de guérison. Grâce à la mousse polymère, les cellules parviennent plus facilement à construire de nouveaux tissus (à gauche). [EMPA]
La mousse (à droite) peut être placée dans une plaie cutanée et optimiser le processus naturel de guérison. Grâce à la mousse polymère, les cellules parviennent plus facilement à construire de nouveaux tissus (à gauche). [EMPA]

La mousse agit dès son application sur la lésion. Sa structure poreuse favorise la colonisation de nouvelles cellules. Biodégradable, elle permet aux cellules de s'organiser selon les besoins du corps et de constituer un nouveau tissu fonctionnel.

Pour éviter les vilaines cicatrices, la mousse polymérique est enrichie avec une substance bioactive. Il s'agit de curcumine, plus connue dans les cuisines que dans les hôpitaux. La poudre de racine de curcuma sert de colorant alimentaire pour des produits t

Une planche du Curcuma longa, dans un livre de plantes médicinales de 1897. [Köhler's Medizinal Pflanzen/CC - Franz Eugen Köhler]
Une planche du Curcuma longa, dans un livre de plantes médicinales de 1897. [Köhler's Medizinal Pflanzen/CC - Franz Eugen Köhler]

els que la moutarde et la margarine. Elle contribue aussi beaucoup à l'arôme du curry.

Vertus anti-inflammatoires

Sur le plan pharmacologique, la curcumine présente des vertus anti-inflammatoires. Chercheuses et chercheurs de l'EMPA en ont saupoudré des cultures de cellules et ils ont observé que la production de certains biomarqueurs typiques des cicatrices était nettement réduite.

La curcumine est intégrée à la mousse qui la libère progressivement, régulant ainsi le comportement et la fonction des cellules qui pénètrent cette mousse. Le processus favorise l'équilibre naturel nécessaire à la guérison de la plaie.

Pour les essais actuellement en cours en laboratoire, les scientifiques utilisent de petits disques de polymère. Pour les applications cliniques, les équipes médicales utiliseront des membranes polymériques qui pourront être découpées aux dimensions de la plaie.

ats/sjaq

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