L'expédition internationale voulait cet été faire le tour en 60 jours de la plus grande île du monde, un écosystème affecté par le changement climatique. Quarante-cinq scientifiques devaient collecter de nouvelles données sur la glace, la fonte des eaux, les intempéries ou encore la pollution plastique, y compris dans des zones moins explorées, comme le nord du Groenland.
Mais le projet de l'EPFL a été bloqué par le Danemark, qui administre la politique étrangère du Groenland. Le motif officiel n'a pas été communiqué et les responsables de l'opération disent ne pas avoir reçu de justification, mais selon plusieurs spécialistes les raisons seraient militaires.
Rasmus Leander Nielsen, politologue à l'Université de Nuuk, au Groenland, cité par la NZZ am Sonntag, souligne que l'expédition du Swiss Polar Institute aurait dû être accompagnée par un brise-glace russe, la Russie étant le seul pays qui dispose de tels engins aussi performants.
Craintes d'activités d'espionnage
Les autorités danoises auraient aussi craint que le navire de recherche se livre à des activités d'espionnage durant l'expédition. La région polaire revêt en effet un caractère sensible, notamment parce que la fonte des glaces libère de nouvelles ressources minérales, mais permet aussi d'ouvrir de nouvelles voies navigables et terrestres.
Selon les spécialistes, une connaissance détaillée des fonds marins peut aussi jouer un rôle sur le plan militaire. Cet intérêt n'a pas échappé à la Russie, qui étend son influence via des aéroports, des bases militaires et des sous-marins dans la région de l'Arctique. Pour ce qui est de l'expédition suisse, sa responsable espère qu'elle pourra être menée à bien l'année prochaine.
jvia