Quand Valérie et Laurent jouent avec leur bébé de 4 mois, ils en oublient parfois les difficultés traversées. Plusieurs fausses couches, puis une fécondation in vitro avant de pouvoir enfin tenir leur petit garçon dans les bras.
Dans ce cheminement vers la parentalité, à la recherche de soutien, les deux Romands se sont tournés vers un gynécologue spécialisé, un psychologue, ainsi qu'un autre type d'accompagnement: une coach en désir d'enfant qui utilise différentes approches dont des séances de méditation et de visualisation.
"En tant que femme, je me sentais un peu comme une coquille vide. J'avais beaucoup de culpabilité suite à mes fausses couches à répétition, j'avais perdu l'estime de moi-même, ce n'était pas évident", raconte Valérie. "Pour notre couple, c'était important de s'occuper de la partie spirituelle et émotionnelle de cette expérience."
"Nous avions eu quelques séances avec une psychologue, très gentille, mais ce n'était pas pareil parce qu'elle n'avait pas vécu ce que nous vivions", ajoute son compagnon. "Alors que la coach en désir d'enfants avait elle-même fait plusieurs fausses couches et nous comprenait tous les deux."
Passées par différents stages, mais sans formation thérapeutique complémentaire, leur coach s'est aussi basée sur son expérience de vie et son long voyage vers la maternité pour aider le couple. "Comme je suis passée par là, les personnes qui viennent me voir peuvent parler librement de tout ce qui les anime", estime Jacqueline Comte, la coach en désir d'enfants qui a suivi Valérie et Laurent.
"Une maladie autour de laquelle on ne communique pas"
Pour Isabelle Streuli, médecin responsable de l'unité de médecine de la reproduction aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), il existe un grand tabou autour de l'infertilité. "C'est une maladie autour de laquelle on ne communique pas. Souvent, les couples n'en parlent pas à leur entourage ou à leurs amis et un isolement se crée", explique la spécialiste. "C'est vrai qu'être accompagné par quelqu'un qui a vécu la même chose peut être tout à fait aidant."
D'autant plus qu'en Suisse romande, peu d'associations de patientes ou de couples souffrant d'infertilité sont actives. Mais le terme de coach en désir d'enfants comprend diverses approches. Tous les coachs n'ont pas vécu d'expériences similaires à celle des couples qui viennent les consulter et il n'existe pas de formation de coach reconnue au niveau médical.
"Les couples infertiles ont un besoin d'accompagnement, c'est une maladie reconnue par l'OMS avec des répercussions sur la qualité de vie des couples, sur leur bien-être psychique et sur leur vie sociale", rappelle Isabelle Streuli. "Dans les hôpitaux, on propose un accompagnement, notamment par des conseillers en santé sexuelle et aussi par des psychiatres en cas de besoin."
Reprendre le contrôle par l'information
Dans leur parcours, Valérie et Laurent ont également été frappés par le tabou que représente l'infertilité. "Je me suis rendue compte qu'autour de moi des femmes avaient fait des fausses couches et je ne le savais pas", raconte la Vaudoise.
Pourtant, en Suisse, 10 à 15% des couples sont confrontés à ce problème, selon les estimations actuelles. Une proportion importante ne consulte pas, notamment quand ils ont eu un premier enfant, mais que le deuxième se fait attendre.
Ce manque de suivi peut peser, tout comme l'absence d'informations. "Je pense que ce qui aide les couples dans leur parcours, c'est d'être bien informés sur les étapes du traitement, de reprendre un peu le contrôle sur ce qui se passe par de l'information", indique Isabelle Streuli.
La médecin recommande également les séances de sophrologie, de relaxation, d'hypnose ou de méditation. Des approches qui peuvent aider à prendre du recul et à soulager la détresse émotionnelle pendant les traitements.
Reportage de Viviane Gabriel
Adaptation web de Tamara Muncanovic