Méthodes utilisées pour les personnes en détresse respiratoire à cause du Covid-19
Si la majorité des personnes infectées par le coronavirus guérissent après quelques jours, il reste environ 5% de personnes qui font des complications graves, notamment un syndrome de détresse respiratoire aigu. Il implique d'être pris en charge aux soins intensifs.
Difficile d'avoir le chiffre exact de patients aux soins intensifs pour cause de coronavirus: l'OFSP ne fournit pas le détail. Mercredi, dix personnes se trouvent aux soins intensifs à Genève, vingt-deux dans le canton de Vaud et cinq dans le canton de Fribourg. La Suisse dispose de 800 places de soins intensifs et 400 places supplémentaires peuvent être ajoutées.
En Valais, au cœur de l'une des 82 unités de soins intensifs que compte la Suisse, Raymond Friolet, médecin chef des soins intensifs au Centre hospitalier du Valais romand, s'occupe de deux patients placés dans son unité.
Apport d'oxygène par méthode invasive
Ces personnes sont traitées pour des complications liées au coronavirus: "Elles sont essentiellement d'ordre respiratoire et, donc, les patients nécessitent un soutien ventilatoire qui se fait grâce à des machines faisant office de soufflet. Elles reprennent le travail respiratoire du patient", explique ce professionnel de la santé au micro de CQFD. Un mode qu'il qualifie "d'invasif", puisqu'il se fait via un tube placé dans la trachée de la personne malade qui reçoit ainsi de l'oxygène à haute concentration.
Le patient est endormi et reçoit du curare afin de paralyser ses poumons: ces organes sont ainsi mis au repos maximal: "On reprend le contrôle sur la ventilation (...) afin de minimiser les dégâts qui peuvent être créés par notre ventilateur", précise Raymond Friolet. Un tel appareillage pouvant en effet générer des blessures dans la trachée ou des infections.
L'approche non invasive
La seconde méthode possible est non invasive: il s'agit de poser un masque sur la bouche et le nez du patient pour lui envoyer de l'oxygène. Cette approche permet d'apporter moins de soutien respiratoire et ne convient donc pas aux patients gravement atteints: "Avec le coronavirus, ce système n'est pas étanche, car ce n'est pas un circuit fermé d'air. On risque d'envoyer des aérosols portant des virus dans l'environnement du patient", souligne le médecin.
La méthode invasive est donc actuellement préférée en Suisse pour les cas de coronavirus, d'autant plus que l'assistance respiratoire nécessaire est souvent longue – en moyenne dix à quinze jours.
L'oxygénation par membrane extracorporelle
Et si ces deux systèmes de ventilation ne suffisent pas, il reste encore l'ECMO, (ExtraCorporeal Membrane Oxygenation), l'oxygénation par membrane extracorporelle.
Les cas extrêmes, où les poumons fonctionnent encore moins bien, sont assistés grâce à cette méthode: "Dans le cas d'une défaillance pulmonaire, on prélève le sang qui va entrer dans le cœur via la veine cave et on le fait passer à travers une machine qui mime la membrane alvéolaire du poumon. On met de l'oxygène et on enlève le CO2 et on le réinjecte plus ou moins au même endroit", explique Raymond Friolet.
"Ensuite, ce sang – qui est déjà oxygéné et 'décarboxydé' – passe à travers le poumon: ce dernier n'a donc plus besoin de faire son travail. Ensuite, ce sang arrive dans la partie gauche du cœur, la partie principale, qui va éjecter le sang dans tout le corps".
Il existe un quinzaine d'ECMO en Suisse romande: un traitement extrêmement rare et exceptionnel. Cet appareil est également utilisé lorsque le cœur est défaillant: "Jusqu'à présent, la Chine et l'Italie l'ont démontré, les méthodes 'traditionnelles' de soutien du poumon ont permis de passer le cap et de laisser le poumon se réparer. Très peu de cas ont eu besoin de la respiration extracorporelle", précise le médecin chef des soins intensifs de l'Hôpital du Valais.
Les chambres où se font les soins de respiration artificielle sont à pression négative: l'air ne peut pas sortir de la pièce et contaminer l'environnement. Afin de ne pas tomber malades à leur tour, lorsqu'il y a suspicion du Covid-19, les soignants doivent se protéger avec des masques, des gants, des lunettes et des blouses.
Administration de Remdésivir
"Pour l'instant, il n'y a pas de traitement spécifique pour ce virus. Actuellement, nous donnons le Remdésivir, un antiviral qui avait été développé pour traiter Ebola, sans succès", note Raymond Friolet. "Il avait toutefois eu des effets positifs dans les cas de MERS, un coronavirus qui s'était développé au Moyen-Orient au début de 2010".
>> Lire : 19 décès en une semaine en Arabie saoudite dus au MERS
Selon le spécialiste, ce médicament est celui qui semble le plus prometteur, "mais il faut attendre les études qui prouvent son efficacité. Il est actuellement donné de manière compassionnelle à nos patients intubés".
Pour le confort du patient, du paracétamol peut être administré contre sa fièvre.
Interview radio: Cécile Guérin et Stéphane Gabioud
Adaptation web: Stéphanie Jaquet