Des facteurs génétiques pourraient expliquer la vulnérabilité face au Covid-19
La plupart des personnes gravement malades sont âgées ou ont des problèmes de santé, comme le diabète, les maladies cardiaques ou pulmonaires. Mais les malades qui étaient auparavant en bonne santé et relativement jeunes intéressent les scientifiques. Ces derniers scrutent leur ADN grâce au séquençage des génomes afin de trouver de petites variations qui pourraient expliquer ce mystère.
Les résultats permettraient d'identifier plus précisément les personnes à risque et pourraient également cibler la recherche de nouveaux traitements.
L'objectif des chercheurs est de comparer l'ADN des patients qui n'avaient pas de maladie sous-jacente tout en développant une forme aiguë de la maladie, avec l'ADN d'une personne positive au Covid-19 avec des symptômes légers ou indétectables.
Toute personne est porteuse de mutations silencieuses qui, dans un certain contexte, peuvent devenir problématiques. Par exemple, dans le cas du virus de l'herpès, certains patients développent une encéphalite mortelle à cause d'une mutation de l'ADN très rare.
Récolte géante de données ADN
Pour étudier l'ADN des patients atteints par le coronavirus, deux consortium internationaux se sont formés afin de récolter les données des grandes études de biobanques. Ces dernières analysent depuis des années les liens entre l'ADN et la santé de milliers de volontaires.
L'Institut de médecine moléculaire de l'université d'Helsinki a créé un site web, la Covid-19 Host Genetics Initiative. Une douzaine de biobanques ont annoncé leur volonté de participer au projet, principalement en Europe et aux Etats-Unis.
Un chercheur en pédiatrie à l'Université Rockfeller, aux Etats-Unis, a lui aussi mis en place un projet similaire au sein d'un réseau mondial de pédiatres. La Suisse participe aux deux projets.
Du côté des privés, la société californienne 23andMe, la plus grande banque de données génétiques du monde avec ses 10 millions de clients, a également annoncé qu'elle se lançait sur ces recherches.
Inégalité homme-femme
Un autre domaine d'étude lié aux gènes des malades concerne le sexe du porteur. Les hommes meurent plus que les femmes, puisqu'ils représentent 63% des décès. Mais être une femme ne protège pas pour autant contre le coronavirus. Hommes et femmes semblent avoir le même risque d'infection.
En revanche, il est vrai que les hommes développent plus souvent une forme grave du Covid-19. Cette observation a été faite dans tous les pays où l'épidémie est active. Elle avait d'ailleurs déjà été observée lors de précédentes épidémies comme celles du MERS en 2013 et du SARS en 2003.
La différence se situe au niveau du système immunitaire. Celui des femmes est plus actif que celui des hommes, à cause des hormones sexuelles. Mais pas seulement. Des facteurs génétiques pourraient aussi en être la cause, car cet avantage perdure après la ménopause. De nombreux gènes liés à l'immunité se trouvent dans le chromosome X. Les hommes n'ont qu'un chromosome X, tandis que les femmes en ont deux. Cela pourrait jouer un rôle, mais ce n'est pour l'heure qu'une hypothèse.
En plus de la génétiques, il y a sûrement une convergence de plusieurs explications possibles, comme l'influence de l'hygiène de vie. Régimes alimentaires, antécédents de tabagisme ou facteurs liés à l'environnement de travail penchent en défaveur des hommes. Tout comme les comorbidités telles que le diabète ou les maladies respiratoires, qui touchent davantage les hommes.
Groupe sanguin A plus à risque?
Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université des sciences et technologies de Shenzhen, en Chine, rapporte que le groupe sanguin d'une personne pourrait influencer sa probabilité d'être infectée par le virus.
Les scientifiques ont comparé 2173 patients atteints de Covid-19 avec un échantillon de population non affecté. Il ressort que le groupe sanguin A est associé à un risque plus élevé d'être affecté par le Covid-19, tandis que le groupe sanguin O était associé à un risque d'infection plus faible.
Mais il s'agit d'observations préliminaires. Davantage de recherches dans différentes populations et dans de plus grands groupes de patients sont nécessaires pour valider ces résultats.
Aurélie Coulon, Feriel Mestiri