En Suisse, sur un total d'environ 27'000 cas, 104 enfants de moins de dix ans ont été testés positifs à ce jour au Covid-19.
Ce n'est pas beaucoup, mais cela permet de clarifier une chose: les enfants ne sont pas immunisés contre le coronavirus. Ils peuvent être infectés mais il semble qu'ici, comme ailleurs dans le monde, cela leur arrive beaucoup moins fréquemment qu'à leurs aînés.
Les enfants sont peu malades
Au début de l'épidémie, on a pensé que les enfants pourraient en fait être des porteurs asymptomatiques de la maladie... Mais Daniel Koch, le responsable de la cellule de crise de l'OFSP, a dit vendredi en conférence de presse que, d'après les premiers tests sérologiques – ceux qui cherchent des traces d'anticorps – cela ne semble pas être le cas.
Mais il faut être prudent, dans les circonstances actuelles, car il n'existe pour l'heure pas d'étude à large échelle, validée par les canaux usuels: Daniel Koch dit se baser sur le retour des pédiatres et infectiologues sur le terrain.
La plupart des enfants infectés sont peu malades: sur les 3200 personnes hospitalisées en ce moment en Suisse, seules dix-huit ont moins de dix ans. Et alors que la Suisse enregistre environ 1300 décès, il n'y en a eu aucun dans cette tranche d'âge.
Toutefois, il y en a eu ailleurs dans le monde: un en Italie et un en France, notamment, mais le nombre reste bas.
Ce seraient les adultes qui infectent les enfants
Aux dires de certains virologues, il semble que même lorsque les enfants sont testés positifs au virus, leur charge virale, c'est-à-dire grosso modo le nombre de virus qui circulent dans leur corps, soit souvent très faible.
Ce qui expliquerait pourquoi ils sont – toujours d'après Daniel Koch – des mauvais vecteurs de la maladie. Il semble que ce sont les adultes qui infectent les enfants, et non le contraire.
Avec l'âge, les chiffres changent, mais restent bas chez les adolescents: il y a eu 700 cas diagnostiqués en tout chez les 10-19 ans avec toujours peu d'hospitalisations et aucun décès.
Des hypothèses
Pour l'instant, il n'existe que des hypothèses sur la raison pour laquelle le virus a moins de prise sur les très jeunes. La première est que leur système immunitaire est simplement plus en forme. Peut-être aussi qu'il est plus entraîné que celui des adultes, parce qu'il est plus souvent en contact avec des pathogènes et, notamment, des coronavirus bénins, dans le grand bouillon de culture des crèches et autres structures scolaires.
Enfin, certains spécialistes se demandent si les vaccins contre d'autres maladies – et qui sont tout frais chez les enfants – n'offrent pas une protection partielle contre le Covid-19: soit parce que les pathogènes contre lesquels ils sont censés nous protéger ont quelques petites choses en commun avec le nouveau coronavirus, soit parce qu'ils stimulent notre immunité générale, celle qui combat les intrus tous azimuts.
>> Lire : Des vaccins comme le BCG ou le ROR peut-être utiles contre le Covid-19
Fermer les écoles, une précaution
Pourquoi donc avoir commencé par fermer les écoles? Déjà le 13 mars, certains scientifiques disaient que ce n'était pas forcément la priorité.
Mais compte tenu de la situation, avec l'inquiétude croissante des parents et le manque de recul, l'incertitude, il était difficile de faire autrement.
D'autant que beaucoup de plans de pandémie commencent par là, parce qu'on a souvent imaginé que le grand risque – la prochaine pandémie – viendrait d'un mauvais virus de grippe.
Or pour le virus de la grippe, les enfants sont des super-spreaders, des supers-diffuseurs, qui produisent et distribuent beaucoup plus de virus que leurs aînés.
Mais avec les coronavirus – Gott sei dank, comme l'a dit au mois vingt fois Daniel Koch – cela n'a pas l'air d'être le cas.
Lucia Sillig/sjaq