Les chercheurs pensent que le SRAS-CoV-2 a d'abord circulé chez la chauve-souris avant d'être très certainement transmis à l'être humain par un hôte intermédiaire. Le pangolin a fait les gros titres, mais à vrai dire personne n'a de certitudes à l'heure actuelle sur le parcours exact de la maladie entre les différentes espèces.
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En revanche, ce qui est sûr, c'est que les virologues savaient qu'une telle pandémie allait se produire un jour. Dans un rapport daté de 2018, l'OMS avait mis en garde contre la menace sanitaire que représentait un nouveau virus issu du monde animal: "Il y a de plus en plus de maladies infectieuses émergentes; il y en aura encore plus dans le futur", affirme Rafaël Ruiz de Castaneda, zoologiste à l'Institut de santé globale de Genève.
"La tendance est croissante: les pressions et les déterminants qui favorisent ces émergences sont de plus en plus importants, donc le risque augmente. L'apparition du Covid-19 ce n'était pas une surprise autour du monde. Et il y aura d'autres virus "X" dans le futur, très probablement. Et, très probablement, ils vont émerger des interactions entre les hommes et les animaux", ajoute-t-il.
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Surveiller l'émergence des virus
Comment se fait-il que rien n'ait été fait pour empêcher l'émergence de ce virus, s'il était évident qu'il allait arriver?
Plusieurs projets de recherche ont été lancés pour surveiller les virus qui se développent dans la faune sauvage. L'un des plus intéressants avait d'ailleurs détecté en septembre dernier déjà des anticorps chez des villageois dans une province du Wuhan, en Chine, pour un virus très proche de SRAS-CoV-2.
Face à la menace potentielle, les scientifiques avaient alerté les autorités sanitaires sur le risque de propagation de la maladie. La docteure en biologie Anne Laudisoit a participé à ces recherches: "C'est un projet de découverte de virus, mais dans un objectif de prédire la prochaine pandémie, ou en tout cas de découvrir des virus qui n'étaient pas encore répertoriés dans les bases de données, ce qui pouvait ainsi permettre d'avoir une référence au cas où un virus de la faune sauvage émergerait dans des populations humaines et animales", précise l'exploratrice.
Ironie du sort, ce programme a dû s'arrêter en septembre, juste avant la détection officielle du nouveau virus par les autorités chinoises.
Mais cela faisait des années que les scientifiques étaient sur la piste des chauves-souris: "Déjà en 2003 avec l'épidémie de SRAS-CoV-1 – la première épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère – des collègues qui travaillent depuis plus de dix ans avec des collaborateurs chinois, notamment de Wuhan, avaient identifié la source dans des chauves-souris", raconte Anne Laudisoit.
Un électrochoc en faveur de la recherche?
"Déjà à l'époque, cela avait été une sonnette d'alarme sur le fait que des coronavirus à potentiel pandémique circulaient dans des chauves-souris en Chine. Donc, effectivement, tous les signes avant-coureurs étaient là avant l'émergence avérée dans la population humaine du SRAS-CoV-2", conclut-elle.
Toutefois, cela n'a pas suffi à stopper le développement du virus. La crise actuelle va peut-être réussir à changer les choses et provoquer un électrochoc en faveur de la recherche.
Le programme cité a finalement été relancé par le gouvernement américain durant la pandémie, mais seulement pour six mois.
Il ne faut pas oublier que la recherche a un coût et les résultats ne sont pas garantis. Faut-il favoriser les investigations sur le terrain, dans les laboratoires ou dans les hôpitaux? C'est la grande question aujourd'hui. Rien que pour ce projet, les six prochains mois vont coûter plus de 2,5 millions de dollars. Et cela ne finance que l'aspect biologique ou zoologique de la recherche.
Approches multidisciplinaires
C'est une leçon de ces multiples épidémies transmises par la faune sauvage, comme Ebola, le SRAS ou le MERS. Les scientifiques font face à des problèmes systémiques. Pour empêcher la multiplication des épidémies, il faudra travailler d'une part sur les animaux qui les transmettent, mais aussi sur les populations humaines qui sont en contact avec la faune sauvage ainsi que sur l'environnement dans lequel s'effectuent ces interactions.
Beaucoup de scientifiques appellent aujourd'hui à mettre en place des équipes de recherche multidisciplinaires qui combine médecine, sciences sociales et recherches sur le terrain.
Selon l'OFSP, une collaboration étroite entre la médecine vétérinaire et humaine est indispensable pour maintenir et promouvoir la santé de l'homme et de l'animal. Pour économiser les ressources et pour préserver l'environnement. Cette approche interdisciplinaire a été baptisée One Health (Une seule santé).
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Sujet radio: Sophie Iselin
Adaptation web: Stéphanie Jaquet