C'est une molécule qui a fait la Une des journaux durant la crise sanitaire. La chloroquine, un nom qui sonne familier depuis que l'infectiologue marseillais Didier Raoult en a vanté les mérites.
Ce sont en réalité les scientifiques chinois qui ont expérimenté en premier la molécule. Comme souvent face à une nouvelle maladie, les chercheurs testent les traitements existants. La chloroquine est commercialisée depuis près de 80 ans dans la lutte contre le paludisme. Elle s'est révélée efficace contre d'autres virus, comme celui de la rage, de la poliomyélite ou Ebola. Son dérivé, l'hydroxychloroquine, est utilisé dans le traitement de maladies auto-immunes.
Les résultats des études initiales en février 2020 semblent prometteurs, mais ils restent préliminaires. En France, Didier Raoult annonce dans une vidéo YouTube les premiers résultats de l'essai clinique mené à l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille. Après six jours de traitement avec de l'hydroxychloroquine, le virus aurait disparu chez trois quarts des personnes.
Mais ces résultats sont pointés du doigt. En raison de la taille de l'échantillon d'abord: seules une vingtaine de personnes ont reçu le traitement. Ensuite à cause de l'absence de comparaison avec d'autres patients qui reçoivent un placebo. Impossible de savoir si l'amélioration de la maladie est due à la chloroquine ou à un autre facteur.
La débat autour de la molécule s'enflamme. Invitée dans le 19h30 du 23 mars, la professeure Alexandra Calmy se dit méfiante face à ce qu'elle qualifie d'"opération de communication".
Et l'infectiologue aux Hôpitaux universitaires de Genève d'ajouter: "Cela n'empêche pas de considérer ce traitement: il a des propriétés qui pourraient le rendre intéressant dans le traitement du Covid-19. Mais on ne peut pas se permettre de dire que c'est un médicament miracle."
Dans le monde entier, des essais cliniques sont lancés. La méthodologie des premières études est souvent critiquée. L'échantillon est trop petit ou l'étude n'est pas validée par des relecteurs spécialisés (peer review). Des choix liés à l'urgence de la situation, mais qui aboutissent sur des résultats peu solides.