Selon les premières données publiées par des chercheurs américains et britanniques, le pathogène qui domine actuellement serait plus infectieux que la première version identifiée en Chine.
Le nouveau coronavirus vient à l'origine du monde animal. Et pour augmenter sa présence parmi nous, il a dû s'adapter aux spécificités du corps humain et donc muter. Et il l'a fait très tôt après le début de l'épidémie, en modifiant une protéine essentielle pour l'infection virale. Baptisée Spike, elle sert en quelques sorte de clé au virus pour ouvrir la serrure des cellules humaines.
Une souche plus infectieuse
"Quand le virus a commencé à se répandre en Europe, cette souche est apparue aussi aux Etats-Unis et est devenue ensuite prédominante. Donc il semblerait qu'elle se soit introduite en de multiples endroits en même temps", explique Didier Trono, chef du laboratoire de virologie et génétique de l'EPFL, vendredi dans La Matinale.
"Des expériences de laboratoire ont confirmé l'hypothèse qu'elle est plus infectieuse", poursuit celui qui est aussi membre de la task force scientifique auprès de la Confédération. "Ce virus pénètre mieux dans des cellules qu'un virus qui porterait l'enveloppe originale, la première qu'on a séquencée à Wuhan".
Grâce à cette mutation, le virus pénètre mieux dans les cellules humaines. Il est aussi devenu plus dangereux sur le plan épidémique, car il colonise plus d'individus et plus facilement que le virus de première génération qui est apparu en Chine.
Un constat rassurant sur le plan clinique
Reste qu'à l'échelon des individus, le risque lié à cette mutation est assez insignifiant, selon Didier Trono. "Cette entrée facilitée semble aller de pair avec une charge virale plus importante", relève-t-il. "Par contre, il ne semble pas que la présence de ce virus soit accompagnée d'un caractère de gravité plus grand. Donc, si ce virus - en étant plus infectieux - ne rend pas les gens plus malades, cela expliquerait simplement qu'il se propage mieux. Mais le fait qu'il ne soit pas plus pathogénique est rassurant sur le plan clinique".
Le nouveau coronavirus se propage donc mieux, mais il parvient tout de même à maintenir majoritairement ses hôtes en vie. C'est l'idéal en termes de stratégie infectieuse, et cela explique le succès de ce virus qui est aujourd'hui totalement adapté à l'homme et se répand massivement.
Les coronavirus mutent moins
Reste que - de manière générale - les pathogènes de la famille des coronavirus ont tendance à moins muter que les autres virus. Maintenant que le SARS-CoV-2 s'est adapté aux humains, on ne s'attend pas à une très grande évolution.
Mais les choses peuvent changer, notamment le jour où la majorité de la population sera immunisée contre la souche actuelle. La seule chance de survie du virus sera alors de déjouer le système de protection mis en place par la population humaine avec de nouvelles mutations.
Sophie Iselin/oang