La recherche des chaînes d'infection serait basée sur une étude erronée
Les personnes contaminées par le virus ne sont pas seulement déjà contagieuses deux jours avant l'apparition des premiers symptômes, mais jusqu'à cinq jours. L'étude a été corrigée.
"On doit adapter en conséquence le délai de la recherche classique et numérique des contacts", a indiqué l'épidémiologiste Marcel Salathé, membre de la task force Covid-19 de la Confédération suisse à la NZZ am Sonntag.
Centaines de personnes à l'isolement?
Cette découverte change beaucoup de choses, car au départ, pour un cas positif, il fallait isoler trois à quatre personnes. Avec deux jours, 20 à 30 personnes se retrouvaient en quarantaine. S'il faut donc remonter cinq jours avant l'apparition des premiers symptômes, cela signifie que des centaines de personnes devront être mises à l'isolement pour un seul cas positif.
Interrogé dans Forum, le médecin cantonal vaudois, Karim Boubaker, estime que ce changement de paradigme pourrait avoir "énormément d'implications et ne doit pas être pris à la légère". Il n'entend toutefois pas mettre la charrue avant les boeufs. "Il faut prendre le temps de discuter de tout ça. Ensuite, quand nous aurons les résultats, il faudra voir si c'est utile et faisable. Mais tant qu'on ne nous change pas les normes, nous allons continuer à travailler comme nous le faisons actuellement", explique-t-il.
L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a l'intention d'aborder prochainement le sujet lors d'une rencontre avec des scientifiques, a déclaré à la NZZ am Sonntag une porte-parole de l'office.
Dans le 19h30, Laurent Kaiser, chef du service des maladies infectieuses aux HUG, estime qu'il s’agit "d’une bagarre d’experts". "Il faut rester prudent et ne pas changer forcément immédiatement notre attitude", lance-t-il. Selon lui, un traçage 5 jour avant "est forcément beaucoup plus compliqué, pour un bénéfice probablement faible, parce que ces gens seront affectés avec probablement peu de virus, et tant qu’ils sont asymptomatiques, leurs probabilité de transmettre le virus est aussi beaucoup plus faible".
Revenant sur la situation à Genève, il estime que "l’on atteint les limites par rapport aux ressources disponibles, clairement". Si on continue avec une cinquantaine de nouveaux cas supplémentaires par jour, cela "va nécessiter des mesures supplémentaires", avertit-il.
Système bricolé
Le SonntagsBlick pointe un autre aspect problématique de la recherche des contacts. Selon lui, de nombreux cantons travaillent avec des systèmes informatiques bricolés. L'échange entre cantons rencontre en outre des erreurs. Si une personne infectée vit dans un canton, mais travaille dans un autre, ce cas peut conduire à une situation où aucun canton n'est responsable de la localisation des contacts.
jfe avec ats