Les critères utilisés par les différents pays pour établir les fameuses listes rouges sont un peu chaotiques. Chacun a sa manière de faire avec plus ou moins de transparence.
Plusieurs Etats ne donnent pas beaucoup de détails sur la manière dont ils ont déterminé leur liste. D'autres, comme la Suisse, fixent par exemple un seuil à partir duquel la situation d'un pays doit être évaluée.
La Grande-Bretagne a par exemple mis la barre à vingt nouvelles infections au cours des sept derniers jours, pour 100'000 habitants.
Un seuil que la Suisse a désormais dépassé avec, ce mercredi, vingt-deux contaminations. L'Ecosse a déjà mis notre pays sur liste rouge. Le reste du Royaume-Uni devrait se prononcer dans les prochains jours (lire encadré).
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Des jauges qui varient
La limite britannique de vingt nouveaux cas par semaine pour 100'000 habitants semble basse en comparaison avec d'autres Etats: en Allemagne, la barre est à cinquante.
En Suisse, elle est à trente ou, plus précisément, à soixante cas pour 100'000 habitants, mais sur deux semaines au lieu d'une. L'OFSP a choisi de jauger sur une période plus longue pour plus de stabilité.
L'épidémiologiste Antoine Flahault, membre de la task force Covid-19, explique que les autorités fédérales se basent sur des données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies pour fixer ces seuils. Ces données sont les mêmes pour tout le monde et chaque Etat décide quel est le degré de nouvelles infections détectées acceptable.
Par ailleurs, le dépassement du seuil fixé par un pays n'entraîne pas forcément automatiquement la mise sur liste rouge de l'Etat concerné. Dans plusieurs pays – comme la Suisse ou l'Allemagne – le dépassement du seuil déclenche une analyse plus fine qui permet de décider des mesures à prendre.
Intérêts politiques et politique sanitaire
Dans des cas comme celui de la France – qui a dépassé le seuil fixé par la Suisse depuis plusieurs jours – il y a une pesée d'intérêts politiques et pratiques assez importante.
>> Lire : La France bientôt sur la liste rouge des pays à risque?
Toutefois, sur un plan strictement sanitaire, les spécialistes se penchent sur d'autres critères, notamment le nombre de tests effectués par le pays concerné.
Actuellement, la France réalise autour de 120'000 tests par jour – même si ce chiffre est ramené à la taille de la population, il est bien plus important qu'en Suisse. Or plus on teste, plus on trouve de cas.
C'était d'ailleurs l'une des réserves émises par la task force de la Confédération vis-à-vis du système de seuil, explique Antoine Flahaut: cela handicape les pays qui font un gros travail de testing et n'encourage donc pas à conduire une campagne de tests.
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Sujet radio: Lucia Sillig
Adaptation web: Stéphanie Jaquet
Et la Suisse? Sur quelle(s) liste(s) rouge(s) se trouve-t-elle?
Etonnamment, ni le Département des affaires étrangères, ni l'Office fédéral de la santé publique ne tiennent de liste qui enregistrerait où notre pays est considéré comme une zone à risque.
L'une des raisons étant que cela fluctue beaucoup et qu'il est difficile de suivre le statut de notre pays à travers le monde.
Pour l'heure, d'après les recherches de RTSinfo, outre l'Ecosse, la Suisse est sur la liste rouge de l'Irlande, la Finlande et la Lituanie.
Par ailleurs, plusieurs cantons sont sur la liste, non pas rouge mais orange, de la Belgique. Cela signifie une quarantaine et un test recommandé, mais pas obligatoire.