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"La prise en charge du cancer ne peut pas être repoussée"

Quels sont les risques des retards de traitements médicaux? Interview de Solange Peters (vidéo) [RTS]
Quels sont les risques des retards de traitements médicaux? Interview de Solange Peters (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 7 min. / le 6 novembre 2020
Retarder le traitement d'un cancer même d'un mois entraîne un impact significatif sur le risque de mortalité des patients, montre une étude publiée mercredi. Elle renforce les conclusions d'autres recherches alertant sur l'effet délétère de la pandémie de Covid-19 pour les autres maladies.

La diffusion du coronavirus a causé des ruptures sans précédent dans l'accès aux services de santé dans le monde entier. Dans l'étude publiée par la revue médicale britannique BMJ, des chercheurs britanniques et canadiens ont analysé les conséquences de retards de traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie) pour sept types de cancers, à partir de 34 études publiées ces vingt dernières années.

6 à 13% de risque en plus de mourir

Hors pandémie, "les retards de traitement sont l'exception, mais peuvent malgré tout toucher 10% à 15% des patients", a expliqué l'oncologue Ajay Aggarwal, l'un des auteurs de l'étude. Il conclut que même un mois de délai peut entraîner, selon le type de cancer, 6% à 13% de risque en plus de mourir pour le patient. Et plus le retard est long, plus ce risque augmente.

Décaler de douze semaines l'opération de toutes les femmes atteintes d'un cancer du sein nécessitant une chirurgie - comme lors des confinements liés au Covid-19 par exemple - se traduirait par 6100 décès supplémentaires en une année aux Etats-Unis, et 1400 au Royaume-Uni, estiment les auteurs.

Des conclusions qui "invitent à la réflexion", jugent-ils, alors que de nombreux hôpitaux ont dû reprogrammer les opérations considérées comme "non urgentes" afin d'augmenter le nombre de lits et de soignants disponibles pour les patients atteints de Covid-19.

"Rappeler que certaines choses ne peuvent être repoussées"

"Cette publication n'est pas liée au hasard. Elle est un lieu commun, un plaidoyer politique pour nous dire ce que l'on sait déjà et rappeler que dans le système sanitaire actuel, certaines choses ne peuvent pas être repoussées. La prise en charge du cancer ne peut pas l'être", commente Solange Peters, cheffe du service d'oncologie médicale du CHUV, interrogée vendredi dans La Matinale.

Lors de la première vague du Covid-19 au printemps dernier, le CHUV a pu délivrer 95% de ses traitements oncologiques, selon la professeure: "Pour la deuxième vague, on aimerait ne rien repousser du tout".

Sur la RTS, Solange Peters lance aussi un appel à la population pour ne pas snober un rendez-vous médical en raison de la pandémie de coronavirus: "Si votre docteur vous dit de venir, c'est qu'il n'y a aucun danger à aller à une consultation. On ne se contamine pas à l'hôpital. On a appris de la première vague qu'on peut sécuriser notre endroit de travail, sécuriser l'accueil des patients".

jfe avec afp

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