Il s'agit des résultats préliminaires de l'essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d'homologation. La protection des patients a été obtenue sept jours après la deuxième des deux doses et 28 jours après la première, précisent les partenaires américain et allemand dans un communiqué.
Le "taux d'efficacité vaccinale de plus de 90%" a été mesuré en comparant le nombre de participants infectés par le nouveau coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo, expliquent-t-ils.
"Preuve initiale" de la capacité du vaccin
"Plus de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d'un siècle, nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif pour le monde dans notre bataille contre le Covid-19", a déclaré le président-directeur général de Pfizer, Albert Bourla, dans un communiqué. "Le premier ensemble de résultats de notre essai de vaccin Covid-19 de phase 3 fournit la preuve initiale de la capacité de notre vaccin à prévenir le Covid-19", ajoute-t-il.
Ugur Sahin, cofondateur et dirigeant de BioNTech, a déclaré à l'agence Reuters être optimiste sur le fait que le vaccin pourra offrir une protection face au Covid-19 pendant au moins un an.
Les deux entreprises, qui affirment n'avoir constaté jusqu'à présent aucun problème sérieux en termes d'effets indésirables de ce candidat-vaccin, comptent demander une autorisation d'utilisation d'urgence aux Etats-Unis dans le courant du mois.
Sur la base de projections, elles prévoient de fournir jusqu'à 50 millions de doses dans le monde en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021.
Dix essais cliniques dans le monde
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dix essais cliniques de vaccins sont actuellement en phase 3 dans le monde, dont ceux de la biotech américaine Moderna, de plusieurs laboratoires étatiques chinois et du britannique AstraZeneca, en collaboration avec l'université d'Oxford.
Pfizer et BioNTech sont les premiers à rendre publics des résultats intermédiaires de ces essais.
Aucun vaccin n'a encore reçu d'approbation pour une distribution commerciale à grande échelle, mais les autorités chinoises ont donné leur feu vert à une utilisation d'urgence pour certains de ces vaccins.
En Russie, une grande partie de l'élite politique a dit s'être fait vacciner par le vaccin Spoutnik V, que le gouvernement espère déployer massivement dans les prochains mois. Le pays a soumis fin octobre à l'OMS une demande de préqualification. Un deuxième vaccin russe a été enregistré mi-octobre.
Attention à ne pas s'emballer
Interrogée dans le 19h30, Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie du CHUV, tempère également. "Ces résultats ont été mesurés très tôt, seulement une semaine après la 2ème dose, soit au moment où le système immunitaire est au maximum. De plus, ça a été mesuré sur des gens jeunes et en bonne santé. Donc il ne faut pas s'emballer et se dire que ce taux de 90% sera le même pour tout le monde", explique-t-elle.
Par ailleurs, l'étude n'a pour l'instant mesuré que le risque d'attraper une maladie Covid bénigne "Avec un suivi plus long, elle nous renseignera sur les formes plus graves, explique la spécialiste, "et il faudra attendre beaucoup plus longtemps pour savoir si ça diminue aussi la transmission, ou si, bien qu'ayant été vaccinés, on peut encore transmettre".
"C'est une lueur d'espoir, et ça fait du bien", souligne-t-elle toutefois, tout en rappelant qu'il n'y aura de toute façon pas de vaccination en Suisse avant 2021.
agences/oang
Donald Trump réagit promptement, Joe Biden suit
Le président américain Donald Trump a immédiatement salué l'annonce des laboratoires Pfizer et BioNTech. "La Bourse est en forte hausse, un vaccin arrive bientôt. Efficacité de 90%. Quelle excellente nouvelle!", a-t-il tweeté.
Peu après, le président élu Joe Biden a dit voir un signe "d'espoir" tout en prévenant que la "bataille" était encore loin d'être gagnée. "Je félicite les femmes et les hommes talentueux qui ont contribué à réaliser cette percée et à nous apporter tant de raisons d'espérer", a-t-il dit dans un communiqué.
Cette information, qui a aussi provoqué un bond des Bourses européennes puis américaine, intervient deux jours après l'annonce de la victoire de Joe Biden face à Donald Trump lors de la présidentielle américaine.